Le collectif de défense de Karim Tabbou a décidé de boycotter les plaidoiries devant la Chambre d’accusation de la Cour d’Alger qui doit examiner, ce mercredi 9 octobre, l’appel de mise sous mandat de dépôt du militant politique, a appris TSA auprès de Me Mostefa Bouchachi et Me Zoubida Assoul.
« Vu que la Chambre d’accusation a confirmé pour les autres détenus, nous ne voyons pas d’utilité de plaider. Dimanche passé, on a plaidé pour Fodil Boumala et vous avez vu le résultat (le journaliste et activiste a été maintenu en détention provisoire, NDLR). On a également plaidé pour d’autres détenus d’opinion et ce sont toujours les mêmes décisions. C’est pourquoi, nous voyons qu’il ne sert plus à rien de plaider devant cette Chambre d’accusation », explique Me Bouchachi.
Me Assoul abonde dans le même sens : « Il sert à quoi d’aller plaider devant une Chambre d’accusation qui n’écoute pas et qui ne met pas une halte à toutes ces violations de la procédure, qui ne respecte pas un citoyen dans ses droits constitutionnels et légaux ? C’est une décision collégiale concertée avec le prévenu lui-même. La défense met la justice devant ses propres responsabilités ».
L’avocate affirme qu’« il y a eu énormément de violations » des droits du prévenu Karim Tabbou. « Il a été enlevé près de chez lui un jeudi. Il n’a pas eu droit à un appel téléphonique à sa famille et n’a pas eu droit à un avocat. Des droits pourtant consacrés dans le Code de procédures pénales et aussi dans la Constitution. Il a été violenté lors de son interrogatoire, insulté et injurié », relate-t-elle.
Karim Tabbou est placé en isolement dans la prison de Koléa, comme lors de sa première arrestation. « Il est placé seul dans une cellule individuelle dans un quartier qui s’appelle El Hofra où il n’y à l’étage que des condamnés à mort. Même quand il sort dans la cour, il est seul ».
Selon Me Assoul, une telle décision ferait suite « à des instructions émanant des responsables du ministère de la Justice qui craignent un contact entre Tabbou avec les autres détenus ». Pour l’avocate, « rien ne justifie » de placer Karim Tabbou dans l’isolement.
« Ce n’est pas un criminel mais un homme politique qui a été emprisonné pour ses positions politiques. Il ne représente aucun danger », insiste-t-elle.