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Karim Tabbou : « Tous les complices de l’ère Bouteflika sont de retour ! »

Karim Tabbou : « Tous les complices de l’ère Bouteflika sont de retour ! »

Karim Tabbou, qui est sous contrôle judiciaire depuis le 29 avril, rompt le silence. Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook dans la soirée de mercredi, le coordinateur de l’Union démocratique social (UDS, non agréé) s’est exprimé sur la situation politique en Algérie, cinq jours après les législatives du 12 juin.

Boycott des législatives : « Les Algériens ont fait preuve de maturité politique »

Si Tabbou n’a pas voulu s’épancher sur son interpellation jeudi 10 juin suivie d’une garde à vue de 30 h (il a été relâché dans la nuit de vendredi à samedi), il a largement commenté l’actualité politique marquée par le scrutin législatif du 12 juin.  Une élection qui a consacré le maintien des partis traditionnellement pro-pouvoir : FLN, MSP, RND…

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« Je voudrais profiter de cette opportunité pour adresser mes vives révérences à l’ensemble des Algériens qui ont défié la peur et rejeté le scrutin du 12 juin. Ce scrutin fut un échec patent et un véritable affront pour les tenants du pouvoir », estime le coordinateur de l’UDS.

Pour l’activiste politique, les résultats de cette élection marquée par une abstention record (23,03 % de taux de participation), ne constituent pas une surprise.

« Finalement, mis à part une minorité constituée d’engeance de politicards aux calculs bas, la majorité des Algériens a fait preuve de maturité politique en infligeant une bonne leçon aux vrais décideurs du pays », estime encore Tabbou qui se félicite que malgré toutes les « offres alléchantes » du pouvoir et les « facilités accordées » pour la constitution des listes, « supposées engranger le maximum de votations, le peuple, comme attendu, a décidé autrement. » « Il a dit clairement Non au pouvoir et Non à ces opportunistes, acolytes et serviteurs », ajoute-t-il.

« Fausse élection, vraie mascarade »

Pour Tabbou, depuis le début du soulèvement du 22 février, le peuple a tranché la question du vote en scandant durant les 121 marches du Hirak « Makache intikhabat maa el 3issabat » (Pas de vote avec les gangs).

« Il a bien affirmé que seul un changement radical est à même de rétablir la confiance des citoyens dans les institutions », rappelle Tabbou qui prévient : « La généralisation de toutes les pratiques frauduleuses, de la manipulation du suffrage universel, de la corruption et la persistance de la désignation par le haut de fausses représentations politiques et sociales, ne feront qu’aggraver la crise et la compliquer ».

Karim Tabbou ne manque pas d’adjectifs à propos de ces législatives qui ont remis en selle une classe politique compte des formations politiques ayant soutenu le président déchu Abdelaziz Bouteflika, jusqu’à sa chute en avril 2019, après 20 ans de règne sans partage.

« Les jeux sont clairs, mis à part quelques personnes obnubilées par leurs propres caprices et aveuglées par l’appât, les citoyens ont bien compris qu’il s’agit d’une fausse élection mais d’une vraie mascarade. L’intention était de faire semblant de tout bouger pour que tout reste en place », critique Tabbou.

« Tous les complices de l’ère Bouteflika sont de retour »

Au-delà des résultats « concoctés au sommet et proclamés par l’instance électorale », les faits sont là, clame Tabbou : « Tous les complices de l’ère Bouteflika sont de retour ! », raille l’homme politique qui fustige « les velléités autoritaristes du régime » qui, selon lui, « sont bien réelles ».

« C’est pourquoi, estime Tabbou, il est important de rester pacifiques et unis pour maintenir la mobilisation populaire. Persévérer dans ce combat démocratique malgré les conditions aussi difficiles est hautement révolutionnaire ».

Le coordinateur de l’UDS n’y va pas de main morte en accusant « la France officielle » d’être un obstacle à l’émancipation démocratique en Algérie.

« Personnellement, je le dis et je l’assume, la France officielle est et reste l’un des obstacles à la mise en place d’un processus démocratique en Algérie », estime Karim Tabbou ajoutant que ce soutien « de la France officielle au régime algérien prouve bien que les valeurs humaines, de modernité et de démocratie que l’on proclame dans les cérémonies et les discours, ne sont que de simples professions de foi au-dessous des accointances politiques ».

Construction d’un projet d’avenir

Pour maintenir la dynamique citoyenne, Karim Tabbou recommande vivement à toutes les forces du changement « de surpasser les faux clivages pour aller au plus vite vers la construction d’un projet d’avenir, capable de remobiliser la société dans son entièreté ».

Et face à la question des détenus d’opinion, Tabbou appelle à « agir immédiatement, ensemble et d’une manière structurée ». « La mise en place d’un cadre de travail consacré exclusivement à la protection des libertés et la défense des droits de l’Homme est une nécessité absolue », propose-t-il.

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