Le contraire aurait étonné tant tout le monde parle de lui dans la province canadienne. Karim Zaghib, éminent spécialiste de la batterie d’origine algérienne, a été choisi parmi les personnalités de l’année au Québec par le magazine L’actualité.
« Plutôt que de nous tourner vers les politiciens, nous avons décidé d’honorer un scientifique sans qui les ambitions électriques du gouvernement Legault seraient probablement restées à l’étape de rêve (…) Karim Zaghib a doté le Québec d’une crédibilité dont on profitera longuement », écrit dans un éditorial la rédactrice en chef de L’actualité.
Karim Zaghib est habitué d’entendre ce genre de reconnaissance de la part des médias, du monde universitaire et des dirigeants politiques canadiens.
Il est au Québec depuis 1995, et travaille sur la batterie depuis 1986. S’il subjugue tant au Canada, ce n’est pas pour rien.
En plus de son apport purement scientifique dans la recherche et l’enseignement (il est professeur à l’université Concordia), il s’est pleinement investi dans le développement de la filière.
Il est pour beaucoup dans la décision du leader mondial suédois Northvolt d’installer au Québec une grande usine de batteries pour un investissement colossal jamais rêvé : 7 milliards de dollars.
C’est le plus gros investissement privé de toute l’histoire du Québec. Pour la cérémonie officielle de l’annonce du projet, le Premier ministre du Canada Justin Trudeau a fait le déplacement et celui qu’on appelle le « cerveau branché » algérien a été très applaudi.
Karim Zaghib, le « cerveau branché » algérien du Québec
Sur le plateau de Radio-Canada, il a raconté comment il a pris conscience du danger des énergies fossiles suite à une crise d’asthme, à 15 ans, dans le sud de la France où il s’était installé avec sa famille originaire de Constantine.
« Il faut que nous soyons de plus en plus indépendants des énergies fossiles. C’est important pour nous et les futures générations (…) On n’a pas le choix parce que le réchauffement de la planète n’a pas de frontières », dit-il.
Le flair qu’il a eu dès son engagement par Hydro-Québec en 1995 ne l’a pas trahi. Il a compris dès le début que la province canadienne avait un écosystème qui lui permet de prétendre à devenir le leader « pas seulement nord-américain » mais mondial de la batterie : l’énergie verte, la propriété intellectuelle, le capital humain et les minéraux critiques (cuivre, nickel, cobalt, lithium…).
« Des fois, on oublie que le brevet de base de la batterie lithium-ion appartenait à Hydro-Québec dans les années 1979-1980 », ajoute-t-il.
« Continuons à repousser les limites du possible pour un avenir plus vert et plus durable », a-t-il réagi à l’annonce de sa désignation parmi les personnalités de l’année 2023.
Autrement dit, il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le monde n’a pas le choix que d’aller vers plus d’électrification des transports et plus de stockage, estime le chercheur d’origine algérienne.
« La batterie c’est vraiment le cœur de l’électrification de la société » et le Québec a un atout inestimable grâce à son énergie verte d’origine hydraulique, insiste-t-il. L’autre atout de la province canadienne est assurément d’avoir su attirer des scientifiques de sa trempe.
SUR LE MEME SUJET :
Rencontre avec Karim Zaghib, le maître algérien de la batterie