La gymnaste Kaylia Nemour est bien partie pour offrir à l’Algérie une médaille d’or aux Jeux olympiques de Paris 2024 (26 juillet – 11 août). Pour la France, où elle a été formée, c’est une chance de médaille en moins.
Beaucoup en France nourrissent des regrets d’avoir laissé filer une athlète d’un tel niveau et certains l’expriment d’une bien curieuse manière.
L’histoire de Kaylia Nemour, 17 ans, tout le monde la connaît maintenant. Née et formée en France, elle a changé de nationalité sportive en mai 2023 pour défendre les couleurs du pays d’origine de son père, l’Algérie.
Elle a opté pour l’Algérie pour sauver sa carrière car les médecins de la fédération française lui ont refusé de reprendre la compétition suite à une opération aux genoux, en 2021.
Un petite remarque envers le média @lequipe :
Kaylia Nemour n’est pas une française naturalisée algérienne, c’est une franco algérienne. Son côté algérien n’a pas été inventé du jour au lendemain puisque son père est Dz. 🇩🇿👍 pic.twitter.com/fm0tOtJOXw— Beneddra Naïm (@BeneddraNaim) July 29, 2024
Les autorités françaises ont très mal géré cette affaire. Sans la fédération algérienne qui l’a accueillie à bras ouverts, Kaylia Nemour ne serait pas là où elle est aujourd’hui. Sa carrière aurait peut-être pris fin à 14 ans.
Les regrets en France se sont exacerbés après l’entrée en lice de la gymnaste aux JO de Paris 2024, dimanche 28 juillet. L’Algérienne a sorti une prestation impressionnante dans son épreuve de prédilection, les barres asymétriques.
Elle s’est qualifiée pour la finale de l’épreuve qu’elle devrait très probablement remporter, et pour celle du concours général. Elle pourrait donc offrir plus d’une médaille à l’Algérie.
Des médias français zappent la nationalité algérienne de Kaylia Nemour
Ce que fait Kaylia Nemour au tournoi olympique ne passe évidemment pas inaperçu en France. Si beaucoup de médias français en parlent avec l’objectivité requise, certains expriment leur désappointement en zappant au maximum l’Algérie dans leurs compte-rendus.
C’est le cas par exemple du site internet de France Bleue. C’est à peine s’il souligne que l’athlète « concourt sous les couleurs de l’Algérie ».
« La gymnaste tourangelle Kaylia Nemour s’est qualifiée ce dimanche pour participer à la finale olympique de barres asymétriques et à celle du concours général », a titré le média.
L’adjectif « tourangelle » renvoie à la ville de naissance de Kaylia Nemour, Tours, dans l’Indre-et-Loire. En fait, elle est née à Saint-Benoît-la-Forêt, près de Tours.
@lemondefr A 17 ans, Kaylia Nemour a déjà une figure à son nom aux barres asymétriques. La prodige des agrès représentera l’Algérie aux JO. #paris2024 #jo #jeuxolympiques #kaylianemour #gymnastique #algerie #sport #olympics #sinformersurtiktok ♬ son original – Le Monde
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Quand elle n’est pas désignée comme une « tourangelle », elle est présentée comme « la gymnaste du club d’Avoine-Beaumont », le club qui l’a formée et au sein duquel elle s’entraîne toujours.
Celle qui est arrivée deuxième de l’épreuve est en revanche désignée par sa nationalité, "Simone Biles, gymnaste américaine multimédaillée ».
La Nouvelle République ne fait pas mieux. Relatant la qualification de Kaylia Nemour en finale des barres asymétriques, ce journal ne mentionne pas sa nationalité algérienne.
Elle est présentée comme la « gymnaste d’Avoine-Beaumont ». Dans la partie accessible de l’article (le reste est payant), il n’y aucune trace de l’Algérie, comme si la gymnaste participait aux JO 2024 sous la bannière neutre.
Dans l’un de ses articles, l’équipe présente Kaylia Nemour comme une Français naturalisée algérienne, alors que son père est Algérien et sa mère est française.
Dans une vidéo postée sur Tik-Tok, le Monde parle de Kaylia Nemour comme une Franco-Algérienne qui représente une nation africaine.
En Algérie, où Kaylia Nemour est accueillie comme une reine, personne ne nie qu’elle a été formée grâce aux infrastructures et aux techniciens français.
Mais il y a un fait indéniable : c’est les couleurs de l’Algérie qu’elle a choisi de défendre et c’est seulement comme Algérienne qu’elle doit être présentée, de surcroît aux Jeux olympiques où les athlètes représentent leurs nations et non leurs clubs ou leurs villes de naissance.