Âgée seulement de 17 ans, la gymnaste algérienne Kaylia Nemour a été parmi les athlètes ayant marqué l’histoire des Jeux olympiques de Paris 2024, en décrochant notamment la médaille d’or en gymnastique artistique, dimanche 4 août.
La performance exceptionnelle de la jeune gymnaste franco-algérienne aux barres asymétriques lui a permis de décrocher la première médaille d’or en gymnastique artistique de l’histoire du sport algérien et africain. En finale, Kaylia Nemour qui est née le 30 décembre 2006 à Saint-Benoît-la-Forêt dans le département de l’Indre-et-Loire, elle a réalisé un score 15,700.
« J’ai fait le score de ma vie, je suis très contente, tellement fière de ce que j’ai fait aujourd’hui, ce sont des années de travail », a-t-elle déclaré à l’issue de sa victoire au micro du site web Olympics.
« En 2022, je ne pensais pas participer aux JO et gagner une médaille »
Et dire qu’elle a failli rater la chance de sa vie de participer aux JO de Paris 2024 si elle s’est résignée à la décision de la fédération française de gymnastique (FFG). Après un long bras de fer avec celle-ci, elle a changé sa nationalité sportive pour représenter l’Algérie.
Après une opération aux deux genoux en 2021 pour soigner une poussée de croissance, le médecin de la fédération française a refusé de l’autoriser à reprendre compétition, alors que même son chirurgien spécialité n’y voyait aucune raison à cela. « En 2022, je ne pensais pas participer aux JO et gagner une médaille », a-t-elle confié au média français en ligne Konbini.
Le désaccord entre la FFG et le club de Kaylia Nemour, Avoine-Beaumont, s’est intensifié et a débouché sur une impasse, poussant la gymnaste à opter pour l’Algérie. La fédération algérienne n’a pas hésité à saisir cette opportunité de recruter une gymnaste à l’apogée de sa forme.
Dimanche 4 août à l’Arena Bercy a été historique, aussi bien pour la gymnastique artistique de l’Algérie et de l’Afrique, mais aussi pour Kaylia Nemour. La médaillée d’or olympique, sur son survêtement aux couleurs de l’Algérie, est depuis sur un nuage.
Kaylia Nemour revient sur sa préparation des JO et sur son opération
Pour décrocher l’or olympique, le rêve qu’elle n’a pas lâché depuis sa tendre enfance, Kaylia Nemour a dû consacrer énormément de temps à son sport favori. Elle explique que c’était sa grande sœur qui l’avait initiée à la gymnastique.
« Elle faisait déjà de la gym avant moi et ma mère a décidé de m’inscrire », raconte-t-elle dans l’entretien accordé au média en ligne, soulignant que « cela a commencé à devenir sérieux vers mes 10 ans », lors de ses tout premiers championnats de France Élite.
Lors des préparations des JO de Paris 2024, Kaylia Nemour s’entraînait avec deux entraîneurs, et ce, « deux fois par jour et six jours par semaine, ce qui fait environ 30 heures par semaine ».
Durant les dernières semaines avant le début des compétitions, elle a intensifié les fréquences de l’entraînement. « Sur les dernières semaines, c’était du 7 jours sur 7 ».
Bien qu’elle ait décroché la médaille d’or olympique aux barres asymétriques, elle affirme qu’elle n’était pas spécialisée spécifiquement dans cette discipline. « Je travaillais les quatre agrès de la même manière, mais j’avais un niveau plus élevé aux barres ».
Lorsque la gymnaste algérienne a commencé à travailler son élément en carpé (le Nemour), validé en 2023 par la Fédération internationale de gymnastique (FIG), son entraîneur s’était aperçu qu’il marchait bien.
« Progressivement, je l’ai fait de plus en plus tendu. Il a fallu deux ans pour le peaufiner et au bout de ces deux années, il était vraiment parfait », confie Kaylia Nemour. D’ailleurs, c’est cet élément baptisé le Nemour qu’elle a présenté en finale des JO de Paris et qui lui a permis de décrocher la médaille d’or.
À propos de l’opération qu’elle a subie aux deux genoux, elle affirme que c’était son choix pour retrouver une forme beaucoup plus adaptée. « J’ai choisi de me faire opérer pour que ça aille mieux après. J’étais sûre de revenir », confie encore la jeune gymnaste.
Durant toute cette période, elle assure qu’elle a passé par des moments compliqués : « ç’a été dur et long, mais je n’ai rien lâché, car j’avais un objectif et un rêve. Donc j’ai tenu jusqu’au bout ».
Kaylia Nemour accueillie en héroïne en Algérie
Même après son sacre olympique, la jeune gymnaste n’a pas été au bout de ses surprises. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune l’a appelée personnellement sur son téléphone portable pour la féliciter, un geste qui la marquera à vie.
À l’issue de la cérémonie de clôture des JO de Paris 2024, Kaylia Nemour a eu droit à un accueil triomphal en Algérie, lundi 12 août, aux côtés des deux autres médaillées algériens, la boxeuse Imane Khelif et le coureur Djamel Sedjati.
Mercredi 14 août, les trois athlètes ont été reçus en héros par le président de la République Abdelmadjid Tebboune. Lors d’une cérémonie émouvante, Imane Khelif et Kaylia Nemour ont reçu des mains du président de la République l’Ordre national du mérite avec le grade « Aeheid ». Djamel Sedjati a, quant à lui, été décoré de la médaille de l’Ordre de mérite avec le grade « Djadir ».
N’arrivant pas encore à réaliser son succès, Kaylia Nemour s’exprime sur son avenir
« Décrocher cette première médaille d’or olympique en gymnastique pour l’Algérie et même l’Afrique entière est une grande fierté. J’ai du mal à réaliser, mais ça viendra avec le temps », a déclaré Kaylia dans l’interview accordée au média en ligne Konbini.
Savourant encore sa victoire, la jeune gymnaste explique qu’elle va se donner un peu de repos, avant de « reprendre en septembre pour repartir sur un cycle olympique jusqu’en 2028 ». Autrement dit, il s’agit de « quatre ans de préparation pour les JO de Los Angeles ».
Pour le pays qu’elle va représenter dorénavant, il n’y a aucun doute, c’est bel et bien l’Algérie. C’est en tout cas ce qu’elle a laissé entendre lors de ses sorties médiatiques : « l’équipe de France est derrière moi. J’ai tourné la page. Il faut se focaliser maintenant sur l’avenir », a-t-elle déclaré.