Sport

Kaylia Nemour veut briller aux JO 2028, « toujours avec l’Algérie »

Deux semaines après son brillant sacre aux Jeux olympiques de Paris 2024 dimanche 4 août, la jeune gymnaste, Kaylia Nemour, médaillée d’or aux barres asymétriques, est toujours sur un nuage.

Entre accueil triomphal en Algérie où elle a été reçue avec les honneurs par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, les sollicitations des médias du monde entier et les messages de sympathie de milliers d’anonymes, l’adolescente qui s’est révélée au monde par un exploit de haute facture lors des JO 2024 vit un conte de fée.

Comment pourrait-il en être autrement lorsqu’il y’a encore un peu plus d’une année, elle a failli être privée des compétitions internationales pour une banale mésentente avec la Fédération française de gymnastique ?

Son choix pour l’Algérie, pays de ses grands-parents, lui a permis non seulement de participer à ces joutes sportives, mais aussi de décrocher le graal face aux meilleures de la discipline, les Américaines et les Chinoises.

« Je suis très fière d’avoir décroché cette médaille pour l’Algérie et pour l’Afrique. C’est la toute première, donc c’est assez incroyable et c’est vrai que je ne me rends pas forcément un peu compte, je suis encore un petit peu sur les nuages. Je sais quand même que c’est historique et c’est fou », avoue-t-elle dans un entretien vendredi au média Brut.

Kaylia Nemour, 17 ans, ne réalise pas non plus le changement de statut qu’elle a acquis après sa brillante prestation en finale des barres asymétriques, l’engouement des Algériens, mais surtout l’appel téléphonique du président de la République qu’elle n’attendait probablement pas.

Kaylia Nemour raconte l’appel téléphonique de Tebboune

« Dès le lendemain, je me faisais arrêtée un petit peu, tout le temps et beaucoup de médias voulaient m’interroger ; j’ai reçu des tonnes et des tonnes de messages qui font hyper plaisir », dit-elle.

Dès la fin de l’épreuve, la jeune gymnaste de 1,66 m a dû répondre aux questions des médias, puis subir le test antidopage avant de rentrer pour attendre le coup de fil présidentiel.

« Il m’a félicité, et m’a dit que j’étais la fierté de l’Algérie, donc non c’était assez fou », savoure-t-elle.

Réalisait-elle qu’elle était très suivie par des milliers voir des millions d’Algériens d’Algérie et de France qui plaçaient en elle de grands espoirs de médaille après sa décision de défendre les couleurs algériennes ?

« Je savais qu’il allait y avoir du bruit, admet Kaylia Nemour. Mais peut-être pas autant dans les gradins, de personnes qui étaient là pour moi. Toute la salle, en fait, était derrière moi. Et non, je ne m’attendais pas à autant », confie-t-elle.

Revenant sur le jour de l’épreuve, la jeune athlète de 17 ans a expliqué comment elle a pu gérer le stress.

« J’ai fait beaucoup de compétitions, mais pas beaucoup à très haute ampleur comme ça, les jeux olympiques. Ma toute première, c’était les championnats du monde, donc ça fait seulement un an, mais durant cette année, du coup, j’ai fait de grosses compétitions assez stressantes et un peu dans le format des jeux olympiques, donc c’est ça qui m’a aidée à tenir durant ces jeux », dit-elle.

« C’est le rêve de toute ma carrière de gymnaste »

« J’ai essayé d’éliminer les petites pressions inutiles. C’est vrai que je me concentrais déjà sur les qualifications parce que si je rate les qualifications, c’était fini. Le jour de la finale, y’avait beaucoup de pressions, du coup. Mais, je me suis dit : « si je fais le mouvement que j’ai à faire, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas » et donc, quand je me disais ça, je lâchais un petit peu la pression et je me disais « il ne faut pas que j’y aille trop fort, mais pas que je fasse moins que d’habitude, juste que je fasse comme d’habitude, sans me mettre la pression même si c’était très compliqué surtout avec les gens dans les gradins etc., mais ça s’est plutôt passé comme ça », raconte-t-elle.

Après quatre années de travail acharné, Kaylia Nemour entend se donner quelques jours de repos dont elle « a besoin », dit-elle, avant de reprendre le cycle olympique dès septembre prochain pour préparer les jeux olympiques de 2028 à Los Angeles où elle espère rééditer l’exploit « toujours avec la Fédération algérienne » de gym.

La jeune gymnaste écarte une nouvelle fois un retour en équipe de France qu’elle a quittée en 2022 après un long bras de fer avec la Fédération française de gym.

Suite à une double opération aux genoux en 2021, Kaylia Nemour n’a pas été autorisée à reprendre la compétition par la FFG, ce qui l’a poussé à changer de nationalité sportive et opter pour l’Algérie. Une décision qui suscite des grincements de dents en France qui a perdu une pépite.

Pour la gymnaste, cette histoire est derrière elle.

« Ca, c’est le rêve de toute ma carrière de gymnaste, ce qui est là devant mes yeux ; je crois que je ne réalise pas encore. C’est fou et je ne m’en rends pas compte que j y suis arrivée, en fait, et qu’il n’y a pas autre chose en plus, que c’est vraiment le bout du bout. J’espère refaire les jeux dans quatre ans et pourquoi pas gagner d’autres médailles », espère-t-elle, les yeux pétillants de bonheur et fixés sur sa médaille d’or autour de son cou.

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