L’instance des avocats de la défense et le comité de soutien au journaliste emprisonné Khaled Drareni, ont organisé ce mercredi une conférence de presse au siège de l’association SOS Disparus à Alger.
« Aujourd’hui, nous sommes sous le choc. Nous éprouvons de la tristesse. Nous sommes en deuil. La condamnation de Drareni est un précédent dans les annales de la presse algérienne (…) », s’offusque le journaliste Mohamed Sidemmou, membre du collectif.
« Aujourd’hui, la vérité édifiante qui s’offre à nous est que nous avons un confrère qui se trouve en prison à cause de son travail de journaliste. C’est très grave surtout que nous sommes dans le 21e siècle. Dans beaucoup pays, de telles pratiques ont disparu complètement. Mais malheureusement, elles persistent encore en Algérie de façon effarante. Ce qui est certain, c’est que Khaled Drareni a été arrêté, jugé et condamné en sa qualité de journaliste », dénonce Mohamed Sidemmou.
Interférences et influences politiques
« Avant son arrestation, Drareni a fait l’objet d’opérations de chantage. Il a été interpellé 4 fois par différentes sections sécuritaires pour l’amener à laisser tomber le travail libre qu’il entreprend. Drareni a refusé tout ce chantage pour l’amener à cesser de couvrir le Hirak et a insisté pour transmettre la parole libre en toute objectivité à l’opinion. C’est ce qui a amené les autorités à arrêter Drareni parce qu’il a refusé tous ces chantages », a souligné Me Abdelghani Badi.
« Le journaliste Khaled Drareni a été arrêté à cause de vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, comportant les slogans des Algériens durant le Hirak sans commentaire dans le cadre de son travail de journaliste », explique l’avocat avant d’ajouter : « Drareni a été interrogé par le juge d’instruction pourquoi il a été l’invité de la chaîne France 24. Peut-on criminaliser le fait d’être l’hôte d’une chaîne TV ? Il a été également interrogé sur le type de relation professionnelle qu’il entretenait avec la chaîne TV5 Monde et il a répondu qu’il travaillait pour cette chaîne TV en sa qualité de pigiste ».
Me Badi a dénoncé les « interférences » politiques dans l’affaire du journaliste emprisonné et qui ont été, selon lui, pour beaucoup dans le lourd verdict dont il a écopé.
Belhouchet « Je n’ai jamais vécu un scénario pareil »
L’ancien directeur de publication du quotidien El Watan, Omar Belhouchet, a qualifié la condamnation de Drareni de « catastrophe qu’on n’a pas connues depuis de longues années». « Je suis dans le monde de la presse depuis 1973 et nous n’avons jamais vécu un scénario pareil. Un journaliste condamné à 3 ans de prison, on dirait que c’est un trafiquant de drogue », dénonce-t-il.
« Condamner un journaliste à 3 ans de prison, je crois que c’est une volonté du pouvoir de mater ce qui reste comme liberté d’expression », estime Belhouchet qui propose aux journalistes de se réunir afin de réfléchir « aux voies et moyens de discuter la marche à suivre », suggérant une rencontre des acteurs de la corporation « pour discuter des actions à mener ».
« Notre pays est classé aujourd’hui tout simplement comme une dictature où un journaliste est jeté en prison juste pour avoir filmé le Hirak », déplore M. Belhouchet.
Me Zoubida Assoul avocate de la défense de Drareni, a déclaré que la liberté de la presse n’est pas uniquement l’affaire des journalistes. « C’est aussi l’affaire de toute la société. Si on ne défend pas aujourd’hui les journalistes libres, demain nous ne trouverons pas qui va rapporter la détresse et les problèmes des citoyens », estime-t-elle. « La peine infligée à Drareni est une sanction et une menace contre toute la presse libre », estime-t-elle.
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