Une manifestation de soutien aux détenus d’opinion a été violemment réprimée par les forces de sécurité ce mercredi 1er septembre à Kherrata à l’est de la wilaya Béjaia. Les forces antiémeutes ont fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants. On dénombre plusieurs arrestations.
« Un appel à un rassemblement en solidarité avec les détenus d’opinion a été lancé pour aujourd’hui à Kherrata, mais il a été empêché par les forces de sécurité qui se sont positionnées sur place dès la matinée », indique Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (Laddh) qui fait part de l’usage de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre.
« On compte déjà des dizaines d’arrestations », ajoute M. Salhi qui estime que « l’approche du tout-sécuritaire a déjà échoué ». Une approche qui « ne fera que compliquer la situation » dans le pays.
Ce militant des droits de l’homme relève la symbolique de Kherrata « capitale du Hirak ». « Le fait de s’attaquer à Kherrata c’est s’attaquer au Hirak. Nous ne doutons pas qu’à travers tout ce qui se passe ces jours-ci, c’est le Hirak qui est visé. Le pouvoir a décidé d’en finir définitivement, y compris en s’en prenant à Kherrata symbole du Hirak », estime Saïd Salhi.
La première grande manifestation contre le 5e mandat du président déchu Abdelaziz Bouteflika a eu lieu à Kherrata le 16 février 2019. Six jours après, le vendredi 22 février, Alger abritait la première marche imposante contre le 5e mandat et pour réclamer le changement, ce qui a donné naissance au Hirak.
« Le pouvoir a décidé de fermer la parenthèse du Hirak. Il est clair aujourd’hui que toutes les voix discordantes sont visées. Ce sont les libertés démocratiques et la liberté de manifestation qui sont aussi dans le viseur », dénonce le vice-président de la LADDH.