L’homme d’affaires Réda Kouninef a-t-il obtenu un prêt de 100 millions de dollars du Crédit Populaire d’Algérie (CPA) ? Lancée par le journaliste Adlène Mellah, les accusations font le buzz sur les réseaux sociaux, où il est reproché à l’homme réputé proche de la famille du président Bouteflika, d’avoir tenté de transférer une partie de cet argent en Suisse.
Selon ces informations, le prêt a été obtenu en temps record, après le début du soulèvement populaire contre le pouvoir, soit le 22 février. L’Ordre des avocats d’Alger est monté au créneau pour demander à la Banque d’Algérie et aux banques de mettre en place « un contrôle rigoureux » des transferts de devises et de bloquer les « transferts suspects. »
Nos tentatives de joindre Kouninef n’ont pas abouties. Interrogé par TSA, le CPA a répondu. « Il est impossible qu’il puisse y avoir un tel transfert de fonds en dehors de la réglementation bancaire ». « La Banque est le domaine le plus réglementé dans le monde après celui du nucléaire », a-t-il précisé.
Un tel transfert ou même un prêt d’une somme aussi importante est « impossible » en dehors de cette réglementation, selon la même source. « Il n’y a pas de textes réglementaires qui permettent de faire de pareilles choses. Ça ne se fait ni en Algérie ni à l’étranger et il faut toujours qu’il y ait un texte réglementaire et une procédure établie pour transférer de l’argent, en dehors de cela, aucun centime ne sort de la banque », a-t-elle détaillé.
Plusieurs niveaux de contrôle
Il existe « plusieurs niveaux de contrôle » ou filtres (intervention de plusieurs services et personnes habilitées, en interne au sein de la Banque) pour effectuer les opérations de transferts de fonds et pour l’accord de crédits », a expliqué la direction de la communication du CPA
Selon elle, la procédure pour un prêt ou un transfert de fonds important est complexe. Pour le prêt, cette procédure implique de « déposer un dossier dans une agence qui le remonte vers la direction régionale puis la direction centrale où il atterrit devant le Comité de crédit ».
Au sein de ce Comité, « un grand débat » a lieu et s’il accorde le crédit, « l’opérateur doit fournir les factures et de nombreux autres documents. Concernant les crédits et pour les projets d’investissements importants, les dossiers de crédits exigent, selon le cas, la production par l’investisseur d’une autorisation de l’Andi (Agence nationale de l’investissement) ou du CNI (projets dont le montant est supérieur à 5 milliards de DA), l’agrément de la wilaya, du ministère de l’Industrie, ou celui du Tourisme, etc. »
Pour le transfert de devises, même pour un investissement à l’étranger par un investisseur algérien, « le transfert de fonds exige une autorisation du Conseil de la Monnaie et du Crédit. Lorsqu’il s’agit de transferts de fonds par un investisseur étranger dont l’entreprise est installée en Algérie dans le cadre de distribution des dividendes, le dossier de transfert exige une attestation (de transfert) délivrée par les impôts. Rien qu’au niveau de la Banque d’Algérie, la procédure « prend plusieurs jours » pour l’exécution de l’opération de transfert qui subit des filtres » a expliqué la direction de la communication du CPA.
Les activités du CPA sont « constamment contrôlées », selon la même source. « Nous avons régulièrement et périodiquement chez nous la Cour des comptes, l’Inspection générale des finances, les commissaires aux comptes, l’Inspection Générale de la Banque d’Algérie auxquels s’ajoutent, en interne, l’Inspection Générale (du CPA)», a assuré le CPE.
À ceux-là, la Direction de la communication de la banque publique, ajoute que « le CPA est une banque d’État qui est aussi contrôlée par les instances judiciaires ou d’investigations habilitées dans le cas d’infractions (fraudes, détournements, malversations, …) qui sont punies pénalement. La Cellule de Traitement du Renseignement Financier (CTRF), mise en place auprès du Ministère des Finances, intervient aussi lorsqu’il s’agit des opérations suspectes ».
Enfin, la Direction de la Communication du CPA précise que « le Gouverneur (de la Banque d’Algérie) n’intervient pas dans les transferts de fonds en raison que ces opérations sont exécutées par la réglementation bancaire mise en place et appliquée aussi bien par l’ensemble des banques opérant en Algérie que par les propres services de la Banque d’Algérie. »
« Le PDG du CPA n’intervient pas, non plus, dans le transfert des fonds car les différents services du CPA appliquent la réglementation bancaire de la Banque d’Algérie et les procédures réglementaires internes. Tout comme les banques exécutent les transferts de fonds dans le cadre de cette réglementation (réglementation de contrôle de change) », jure le CPA.
Pas de mouvement inhabituel dans les banques
Contrairement aux rumeurs colportées concernant des mouvements inhabituels dans les banques et une ruée des Algériens sur les retraits d’espèces à cause de craintes soulevées par le mouvement populaire, la direction de la communication du CPA a affirmé :« rien de tel n’a été constaté. »
« Au niveau national, la clientèle se présente normalement à nos agences que ça soit pour retirer de l’argent ou en déposer. Les seuls pics que nous avons constatés sont ceux qu’on constate habituellement à la fin du mois lorsque les clients retirent leurs salaires », a-t-elle rassuré.