La banane est à 800 dinars le kilogramme, soit pas très loin des niveaux records de 1000 dinars et plus atteints dans l’intervalle de l’imposition de quotas pour l’importation de certains produits dans la deuxième moitié de l’année 2016 et la délivrance des premières licences en avril 2017.
Après une relative stabilisation qui a duré près d’une année, les prix de ce fruit se sont remis à s’envoler paradoxalement au moment où le système des quotas a officiellement été levé.
L’importation de la banane est en effet censée être de nouveau libre depuis le 31 décembre 2017, soit depuis près d’une année. Que s’est-il donc passé ?
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Le ministre du Commerce, interpellé il y a quelques jours, a tenté une explication sans trop convaincre. Saïd Djellab a tout simplement botté en touche. Il a prédit une baisse des prix à la faveur de la levée du système des licences. Au risque de se répéter, ce système n’est plus en vigueur depuis 11 mois. La banane ne fait pas partie de la fameuse liste des produits interdits à l’importation et les licences d’importation ne sont plus en vigueur depuis le début de l’année 2018. Leur suppression a été annoncée par l’ancien ministre du Commerce Mohamed Benmeradi le 19 décembre 2017 : « Aujourd’hui, le gouvernement a décidé d’arrêter ce système et de protéger la production nationale et surtout d’assurer l’approvisionnement du marché en ces produits ».
Le ministre pouvait-il l’ignorer ? Impensable. C’est son département qui est en charge de la détermination des quotas et de la délivrance des licences. Ou alors, ceux qui ont annoncé la fin du système des licences ont-ils menti ? Quoi qu’il en soit, dans cette affaire, toute la vérité n’a pas été dite, ou alors sciemment éludée.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, même l’Apoce, une association censée défendre les intérêts du consommateur, semble n’avoir rien pigé à ce qui se passe. Pour ramener les prix du fruit jaune à des niveaux accessibles, son président a appelé il y a trois jours le gouvernement à…lever le système des licences !
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Cet énième cafouillage de la communication officielle cache mal le souci de protéger de gros intérêts. Ceux d’une poignée d’importateurs qui monopolisent de facto un marché plus que lucratif. 80 000 tonnes par an, pour une valeur qu’ils ont toute la latitude de déterminer, sans aucune forme de concurrence, loyale ou déloyale.
Au vu des prix pratiqués depuis quelques semaines (jusqu’à 800 dinars le kilogramme), la cagnotte devrait donner le tournis. La vérité, c’est que le monopole censé disparaître avec la levée du système des licences a été reconduit par l’institution d’une autorisation phytosanitaire.
Le ministre Djellab n’en a pas fait mention. Peut-être que la bonne question ne lui a pas été posée, ou alors on ne s’est pas adressé à la bonne personne.
Car la fameuse autorisation s’obtient au niveau du ministère de l’Agriculture, sous forme de quotas fixés au prorata d’on ne sait quel critère.
Du côté de ce département, c’est le silence radio. Presque au moment où le ministre du Commerce frappait à côté, son collègue du gouvernement en charge de l’agriculture, donc indirectement de la gestion de l’importation de la banane, Abdelkader Bouazghi, lisait un message du président de la République pavé de bonnes intentions pour le secteur. Mais pas un mot sur la banane devenue subitement inaccessible pour le commun des Algériens. Mais que pouvait-il dire, sinon botter en touche lui aussi ? Il ne pouvait en tout cas nier l’existence de « l’autorisation préalable d’importation de produits agricoles » ni prétendre qu’elle était délivrée systématiquement à tout opérateur qui en fait la demande pour quelque quantité que ce soit.
Beaucoup d’importateurs ont en effet dénoncé la mainmise d’un cercle restreint sur cette activité lucrative, comme c’est le cas de nombreux secteurs.
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