Économie

La Banque d’Algérie estime à plus de 4500 milliards de dinars l’argent de l’informel

Le taux d’épargne nationale en circulation en dehors des banques est estimé à 31% de la masse monétaire en Algérie, a indiqué ce samedi 24 novembre, le Directeur du Crédit et de la Régulation bancaire à la Banque d’Algérie (BA), Mohamed Lahbib Koubi.

Intervenant lors du premier Symposium algérien sur les Assurances et la Finance islamiques (SAAFI 2018), M. Koubi a qualifié cette part de “très élevée”, préconisant de drainer ces ressources vers les banques pour mieux financer l’activité économique notamment en matière d’investissement.

En février dernier, le gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Loukal avait indiqué que la masse monétaire avait atteint 14.574 milliards de dinars au 31 décembre 2017 dont 4780 milliards qui circulent en dehors du circuit bancaire. Au premier semestre de 2018, la masse monétaire (M2) s’est accrue de 6,42 % contre 4,27 % au premier semestre de 2017.

“Dans un contexte caractérisé par un défaut de ressources bancaires conventionnelles, la collecte des ressources via la diversification et l’adaptation des produits d’épargne et de financement afin de répondre aux attentes de l’ensemble des opérateurs et citoyens, s’avère une nécessité impérieuse pour l’économie nationale”, a-t-il soutenu.

A ce propos, le responsable a fait état d’un nouveau règlement devant être publié prochainement dans le journal officiel, un texte définissant les règles applicables aux produits dits participatifs, approuvé le 4 novembre par le Conseil de la monnaie et du crédit (CMC).

Ce système définit ces produits et leur cadre procédural, tout en les distinguant des activités bancaires conventionnelles.

M. Koubi a estimé que ce nouveau texte, élaboré par la BA, ne prenait pas en compte toutes les opérations bancaires participatives à l’instar des opérations en Open Market et des opérations interbancaires, ce qui requiert “de fournir davantage d’efforts afin d’aboutir à de nouveaux textes complémentaires à l’arsenal juridique et encadrer l’ensemble du financement participatif”.

Pour ce faire, une méthode proposée par la BA a été adoptée, basée sur les principes de la graduation dans l’application, la consultation dans l’élaboration, et l’inclusion de l’ensemble des opérateurs économiques et sociaux.

Le responsable a estimé, par ailleurs, que la mise en place d’un cadre organisationnel et comptable complémentaire couvrant cette activité “prendrait plus de temps et requerrait un souffle long et plus d’efforts, de patience et de persévérance”.

La réussite du projet du financement participatif repose également, selon M. Koubi, sur l’efficacité d’un personnel qualifié et formé de manière “suffisante et globale”.

Lors des travaux du symposium, des représentants des banques ont relevé une hausse de la demande sur ce genre de produit, puisque les actifs des banques “Al Baraka” et “Essalem” -seules banques islamiques activant en Algérie- ont atteint respectivement 270 milliards de dinars et 100 milliards de DA.

Concernant l’assurance islamique “Takaful”, Mohamed Benarbia, directeur de Salama assurances Algérie, le seul assureur qui active dans ce domaine en Algérie, a fait observer le manque d’outils juridiques permettant sa croissance, étant actuellement encadrée par les lois destinées aux assurances conventionnelles.

M. Benarbia s’est plaint du fait que les textes actuels imposent à son entreprise, à l’instar des autres compagnies d’assurances, l’investissement de 50% de ses actifs dans les bons de trésor adossés d’intérêts même si celle-ci n’est pas conforme à la charia, en l’absence de sukuk sur la place financière algérienne, ce qui impose la déduction des rendements de ces investissements des résultats financiers de cette compagnie.

Le responsable a évoqué l’absence de compagnies de réassurance Takaful et l’existence de deux banques islamiques sur la scène financière algérienne, en dépit du fait que le règlement impose la diversification des banques qui traitent avec les compagnies d’assurance pour réduire les risques.

Pour combler ce vide législatif, le conseil national des assurances (CNA) a récemment proposé une série de mesures pouvant être introduites lors de la prochaine révision du code des assurances pour traiter ces insuffisances, selon le même intervenant.

De son côté, le directeur général de la Société de gestion de la bourse des valeurs (SGBV), Yazid Benmouhoub a précisé que la Bourse d’Alger s’intéresse au lancement des sukuk, mais que la législation en vigueur ne le permet pas.

La bourse s’attelle actuellement en collaboration avec un laboratoire relevant de l’Université de Sétif à “élaborer un projet portant sur une nouvelle approche organisationnelle qui sera présentée à la commission de surveillance des opérations en bourse (COSOB) pour défendre un éventuel lancement des sukuk.

M. Benmouhoub a mis l’accent sur le rôle de la Bourse dans le financement de l’économie notamment dans le cadre du recul de la liquidité monétaire de 75% suite au choc pétrolier subi par l’Algérie.

Il a, par ailleurs, révélé que la Bourse d’Alger sera totalement numérisée début 2019 et que les opérateurs pourront gérer les opérations boursières de manière électronique.

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