La presse nationale a largement commenté l’information tombée hier concernant le dépôt, par son directeur de campagne, du dossier de candidature du chef de l’Etat.
El Watan
Le quotidien El Watan, qui titre en une que « Bouteflika défie les Algériens », considère que la candidature du chef de l’Etat représente « une provocation extrême » : « Alors que l’Algérie est assise sur un volcan de colère et que les Algériens ne cessent de manifester dans toutes les wilayas du pays pour faire barrage au projet mortifère de la continuité et réclamer un changement du système politique, le président sortant et son équipe défient toute une nation pour se maintenir aux commandes du pays », écrit le quotidien
« La candidature de Abdelaziz Bouteflika peut mettre le feu au pays », avertit El Watan, estimant que « le pire est à craindre. S’obstiner à garder au pouvoir un homme alors qu’il n’est plus en mesure de terminer son 4ème mandat et confiné au silence depuis sept ans, est perçu comme une déclaration de guerre », affirme El Watan.
Liberté
Le quotidien Liberté estime pour sa part en une que la candidature du président Bouteflika se fait « envers et contre le peuple » : « Ni les manifestations réclamant son départ, ni le risque de paralyser le pays, ni encore le retrait des principaux candidats de l’opposition n’ont dissuadé le système de présenter Abdelaziz Bouteflika », affirme le quotidien.
L’éditorial de Liberté spécule quant à lui sur les raisons ayant mené le président à se trouver en Suisse à l’heure du dépôt de sa candidature. « A-t-il fait exprès de se trouver ailleurs pour s’éviter un déplacement pénible au conseil constitutionnel sachant que l’image dans laquelle il était apparu en 2014 l’a plus desservi que servi ? Ou s’est-il offert cette escapade pour fuir la pression de la rue qu’il aurait pressenti, tant est que le déclin de sa popularité est devenu si évident ? », s’interroge le quotidien.
Le Quotidien d’Oran
Sous le titre « la fracture du 5ème mandat », le Quotidien d’Oran estime dans son éditorial que «le 5ème mandat est en train de provoquer de profondes fractures dans le corps social, faisant sortir dans la rue, chaque jour, une catégorie sociale d’Algériens ». « Le président Bouteflika ira-t-il jusqu’au bout de ses prétentions politiques, au risque de provoquer plus qu’une profonde cassure au sein de la société algérienne ? Le moment est historique parce que les Algériens ont décidé de ne plus se taire et de se réapproprier leur citoyenneté. De participer au changement, pleinement », estime le Quotidien.
« Maintenant, il reste aux politiques de comprendre ce besoin pressant et urgent de changement que demande le peuple qui veut être écouté, compris et non plus marginalisé, oublié », affirme le Quotidien d’Oran. « Maintenant, il reste à espérer que ce formidable mouvement citoyen ne soit ni détourné ni dévié de sa trajectoire, encore moins récupéré par les opportunistes de la dernière heure. Et, plus que tout, qu’il ne soit réprimé ni ne doit donner lieu à un dérapage vers la violence », conclut le journal.
Le Soir d’Algérie
Le quotidien Le Soir d’Algérie adopte pour sa part une attitude plus mesurée, titrant en une sur les « engagements-surprises de Bouteflika ». Considérant que la candidature du président sortant est « sans surprise », le quotidien estime cependant que Bouteflika « a accompagné ce dépôt par ‘’message à la nation’’ où il prend des engagements lourds et inattendus ».
« A l’évidence, l’homme ne veut pas perdre la face et sortir par la petite porte et veut organiser lui-même sa propre succession », affirme Le Soir d’Algérie. « Face à la forte contestation populaire qui ébranle le pays depuis bientôt un mois, le chef de l’Etat qu’il est se désincarne, se place du côté de la contestation et s’engage à ‘’assumer la responsabilité historique de la concrétisation de l’exigence fondamentale du peuple, c’est-à-dire le changement du système », écrit le quotidien.
El Moudjahid
Dans un autre cadre et sans surprise aucune, le quotidien étatique El Moudjahid s’est montré très réceptif et favorable au message à la nation adressé par le président Bouteflika, affirmant dans son éditorial que « les mots utilisés par le Chef de l’Etat sont assez forts, et traduisent une détermination et une conviction de réformer le système politique, d’élaborer une nouvelle Constitution qui sera soumis à l’approbation du peuple par voie référendaire et d’organiser une élection présidentielle anticipée à laquelle il ne serait pas candidat, assurant sa succession dans la sérénité et la stabilité, des acquis majeurs auxquels il tient par-dessus tout ».
« Dans cette lettre à la nation, le Chef de l’Etat exprime son devoir ultime au service de l’Algérie et de son peuple de quitter le pouvoir avec les honneurs, tout en jetant les bases ‘’d’une nouvelle république algérienne’’. Avec une grande sincérité dans le ton, et une honnêteté et une franchise dans les convictions, il lance ici un appel fraternel et solidaire », estime le quotidien étatique.
« Un tel message d’espoir jaillissant du cœur et fruit de la raison, fédérateur, rassurant et d’une grande portée politique et historique, est celui d’un homme qui n’aime pas la surenchère et la polémique stériles, qui a le sens de l’Etat et qui place la dignité de ses compatriotes et les intérêts de l’Algérie au-dessus de tous », affirme El Moudjahid.
« Oui, un homme qui n’a pas d’autre ambition que d’assurer une succession réussie et paisible, et de voir l’Algérie avancer vers davantage de démocratie et de progrès qui ne compte que sur elle-même pour surmonter toutes les épreuves et relever tous les défis », conclut le journal étatique.