La carte de l’élection présidentielle française du printemps prochain s’est davantage dessinée avec l’annonce de la candidature du polémiste Éric Zemmour et la désignation de Valérie Pécresse comme candidate des Républicains (droite).
Avant même son entrée en lice officiellement, le chroniqueur télé a réussi, avec d’autres personnages de l’extrême-droite, à imposer ses sujets de prédilection comme thème centraux de l’élection, particulièrement l’immigration et l’identité.
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Les débats de la campagne des candidats à la candidature de la droite traditionnelle (Les Républicains) ont porté essentiellement sur ces questions. Les cinq postulants ont rivalisé de propositions pour arriver à la même finalité : plus de restrictions et moins d’immigrés dans l’Hexagone.
Signe qui ne trompe pas sur le courant qui domine désormais dans cette famille politique, ce sont les deux candidats « les plus à droite » qui se sont extirpé du premier tour, Valérie Pécresse et Éric Ciotti.
Les analystes en France estiment qu’il n’y a pas de différence entre le programme de ce dernier et ceux de Marine Le Pen ou Eric Zemmour, sinon des nuances sémantiques.
Ciotti veut supprimer le regroupement familial, le droit du sol, revoir le droit d’asile et expulser les étrangers délinquants. Les deux autres ne vont pas plus loin. Il s’en est donc fallu de peu pour que l’extrême-droite se retrouve avec trois candidats avec des chances plus ou moins grandes de passer au second tour.
À peine sorti de la course, Ciotti a vu ses sympathisants courtisés par Zemmour et Le Pen qui les ont appelés à les rejoindre. Le perdant de la primaire des Républicains a certes fait preuve de discipline partisane en se rangeant derrière Valérie Pécresse, mais il a été l’un des premiers à se solidariser avec Eric Zemmour suite aux incidents qui ont émaillé son premier meeting de campagne, dimanche 5 décembre.
Pression inédite de l’extrême-droite
La candidate des Républicains, très proche de l’ancien président Nicolas Sarkozy, n’est pas non plus flexible sur les questions liées à l’immigration.
À la mi-novembre, elle a brandi la menace de « l’immigration zéro » pour les pays qui ne reprennent pas leurs ressortissants en situation irrégulière, citant l’Algérie, le Mali et le Pakistan.
« Valérie Pécresse, très honnêtement, sur les sujets d’identité, d’immigration, du régalien, n’a rien à envier au programme d’Éric Zemmour« , résume le député des Républicains Julien Aubert.
Et voilà ce que la présidente de la région Île-de-France promet à Eric Ciotti, si elle est élue :
« Dans l’équipe de France que je construis @ECiotti tiendra une place singulière, compte tenu de sa très belle campagne. Il fait entendre une voix puissante qui rappelle celle d’une grande figure Charles Pasqua, une voix qui porte dans la crise d’autorité que vit le pays ! ».
Valérie Pécresse est toujours à la traîne dans les sondages par rapport au président sortant et au duo Zemmour-Le Pen. Si elle remonte dans les prochains mois et arrive à se hisser au second tour, la donne ne changera néanmoins pas sensiblement.
Emmanuel Macron se présentera dans tous les cas de figure comme le rempart face au discours anti-immigration. Même si, paradoxalement, son mandat a été marqué par des mesures drastiques rarement prises pour limiter les flux migratoires.
Fin octobre, son gouvernement a annoncé la réduction de moitié du nombre de visas à octroyer aux ressortissants des pays du Maghreb pour contraindre leurs dirigeants à accepter de reprendre leurs clandestins indésirables.
Macron a de grandes chances d’être réélu pour un deuxième mandat en mai prochain, mais il l’aura obtenu au prix de concessions notables faites à la pression inédite de l’extrême-droite sur les questions liées à l’immigration. Quoi qu’il en soit, la France, terre d’accueil et d’asile, est en train d’amorcer un virage historique.