Le 23e Salon international du livre d’Alger (Sila) aura lieu du 29 octobre au 10 novembre 2018 au Palais des expositions des Pins maritimes (Safex) à l’est d’Alger.
La Chine est le pays invité d’honneur. « La Chine a été le premier pays à avoir reconnu, en 1958, le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Comme nous fêtons le 60e anniversaire de la création du GPRA, nous avons choisi la Chine. La relation entre les deux pays est excellente dans tous les domaines. Nous attendons de recevoir les détails du programme culturel que la Chine a préparé pour le Sila. Je suis sûr que le programme sera riche avec la présence d’écrivains connus et l’exposition de 3000 titres en arabe et en anglais. Des rencontres professionnelles sont prévues entre éditeurs algériens et éditeurs chinois », a déclaré, ce mardi 25 septembre, Hamidou Messaoudi, commissaire du Sila, lors du forum du journal Echaâb à Alger.
Il a annoncé la participation de 970 maisons d’éditions dont 271 algériennes. La surface d’exposition dépasse les 15.000 m² partagée entre trois pavillons (central, Ahaggar et Casbah). « Le Sila a acquis une bonne place au niveau arabe et international. Nous veillons pour garder cette place et avancer plus en améliorant les conditions d’organisation surtout avec la participation de 47 pays qui seront représentés par 300.000 titres dans toutes les spécialités et genres littéraires ainsi que les livres scientifiques et religieux et les livres pour enfants », a-t-il précisé.
Présence de Waciny Laredj, Amine Zaoui et Rachid Boudjedra
Une quarantaine de conférences, débats et rencontres sont prévus pendant le 23e Sila avec la participation de 61 invités algériens et 21 autres invités étrangers dont des anciens ministres de la Culture d’Égypte et de la Palestine.
Les romanciers algériens Amine Zaoui, Waciny Laredj et Rachid Boudjedra seront présents au Sila. « Nous essayons de convaincre Waciny Laredj de venir au salon avec le tome 2 du roman sur l’Émir Abdelkader (le romancier a annoncé auparavant que ce livre ne sera pas disponible à Alger, mais à Beyrouth). Nous n’avons pas oublié la nouvelle génération d’écrivains. Nous avons invité une dizaine d’entre eux à participer au salon surtout ceux qui ont obtenu des prix littéraires dernièrement. Ils viendront notamment de Tamanrasset, de Sétif, de Bordj Bou Arreridj, de Tiaret et de Constantine », a-t-il dit. Qu’en est-il de Yasmina Khadra et de Boualem Sansal ? « Chaque année, nous essayons d’inviter des écrivains qui n’ont pas eu l’occasion de venir au Salon. Pour l’instant, personne n’a refusé d’invitation. Pouvons-nous inviter tous nos écrivains algériens en huit jours ? Ce n’est pas possible. Cela dit, les éditeurs peuvent aussi inviter leurs auteurs pour rencontrer leurs lecteurs au niveau de leurs stands. Rien ne les empêche de le faire. Cela se fait partout dans le monde », a-t-il répondu.
« Livre ensemble », slogan du Sila 2018
Le Sila 2018, qui portera le slogan de « Livre Ensemble », a prévu plusieurs hommages aux écrivains, chercheurs, universitaires et historiens algériens comme Mourad Bourboune, Mahfoud Keddache, Belkacem Saâdallah, Merzac Bagtache, Amine Zaoui, Abdallah Cheriet et Said Boutadjine. Le cinéaste franco-grec Costa Gavras sera présent pour signer ses mémoires, « Va là où il est impossible d’aller » (paru dernièrement aux éditions Le Seuil à Paris). « Nous profiterons de sa présence pour projeter le film « Z » que les jeunes ne connaissent peut être pas », a souligné Hamidou Messaoudi. « En 2017, nous avons dépassé les 1,5 millions de visiteurs. Cette année, nous aspirons avoir plus de 2 millions de visiteurs au Sila 2018. Toutes les conditions sont réunies pour y arriver. L’accès restera gratuit parce qu’il nous est impossible d’installer un système de billetterie quand vous avez 30.000 personnes qui attendent devant les portes dès les premières heures de la matinée. Les autorités veulent encourager la culture et la lecture depuis la reprise du salon en 2000. Nous ne pouvons pas aller à l’encontre de cette orientation en prenant en compte aussi le pouvoir d’achat des Algériens. Rendre l’accès payant au salon ne sert ni l’éditeur ni le livre ni le lecteur ni la culture », a relevé le commissaire du salon.
Il a annoncé que le budget consacré à la manifestation cette année est de 60 millions de dinars (moins 20 millions de dinars par rapport à 2017). Des sponsors apportent leur soutien comme l’Anep et l’Onda.
Augmentation du prix de location des stands
Hamidou Messaoudi a confirmé l’augmentation des prix de location des stands. « Le prix de location d’un mètre carré d’un stand en espace nu au Palais des expositions passe de 2000 à 3000 dinars. Ce prix nous a été imposé. Le prix de la construction d’un stand coûte de 1600 à 1800 dinars le mètre carré. Durant le salon, nous assurons le service de nettoyage et de gardiennage des lieux d’exposition. Après une simple opération de calcul, et si on ajoute la publicité, les assurances et d’autres dépenses, un stand nous coûtera 5970 dinars le mètre carré. La facturation faite aux exposants est de 6000 dinars. Je dirige moi-même une maison d’édition (Enag) et je connais les conditions des éditeurs. Le commissariat du salon n’a pas d’autres moyens pour soutenir les éditeurs dans la location. Les moyens financiers du ministère de la Culture sont limités. Mais, il faut dire qu’il y a des ventes au niveau du salon. Je reconnais que 10 à 15 éditeurs sont un peu lésés parce qu’ils construisent eux même leurs stands et ne bénéficient pas des stands déjà préparés. Je peux citer Casbah, Dar El Hikma, Dalimen, Enag, Anep, Chihab et OPU. Nous étudions la possibilité de leur accorder des compensations », a-t-il détaillé.
Le Syndicat national des éditeurs de livres (Snel) a critiqué les nouvelles hausses du prix de location qui « occasionneront des dommages importants pour les éditeurs »
Une soixantaine de livres retirés
Jamel Foughali, directeur du livre et de la lecture au ministère de la Culture, présent lors du Forum d’Echaâb, a annoncé qu’un comité de lecture et de suivi est chargé, depuis le 9 mai 2018, de contrôler les livres qui seront exposés au Sila.
Un comité de censure ? « Je ne veux pas utiliser une autre expression. Je parle de lecture et suivi. Je peux vous assurer que le taux des livres qui ne seront pas exposés sera de 0,002% des 300.000 présents au salon, c’est-à-dire à peine 60 titres. Nous n’avons pas encore terminé notre travail mais le débat continue aussi au sein du comité. Pour ce qui est du livre religieux et des exemplaires du Coran, le ministère des Affaires religieuses a installé un comité spécialisé qui aura à se prononcer », a-t-il dit.
Selon lui, le comité applique l’article 8 de la loi 15/13 relative aux activités et au marché du livre (promulguée en 2015) qui stipule que les activités d’édition, d’impression et de commercialisation du livre s’exercent dans le respect « de la Constitution et des lois de la République, de la religion musulmane et des autres religions, de la souveraineté nationale et de l’unité nationale, de l’identité nationale et des valeurs culturelles de la société , des exigences de la sécurité et de la défense nationale, des exigences de l’ordre public, de la dignité de l’être humain et des libertés individuelles et collectives ». « Le livre ne doit pas faire l’apologie du colonialisme, du terrorisme, du crime et du racisme. Le livre destiné aux enfants et aux adolescents ne doit comporter aucun écrit ni aucune illustration de nature à porter atteinte à leur santé morale ou à leur sensibilité », est-il ajouté dans ce texte.
« En dehors de la nécessité de respecter ce qui est prévu dans la loi, rien ne sera entrepris par le comité contre les livres », a-t-il promis. Il a annoncé qu’un espace de 120 mètres carrés sera consacré à tous les établissements qui relèvent du ministère de la Culture (théâtres, musées et bibliothèques publiques). Le 22 octobre prochain, le commissaire du Sila annoncera le programme détaillé du salon lors d’une conférence de presse, prévue à la Bibliothèque national d’El Hama à Alger.