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La colère gronde dans les universités françaises

La colère gronde dans les universités françaises

La colère gronde depuis des semaines dans les universités de France, dont certaines sont « occupées » en signe de protestation aux réformes du président Emmanuel Macron, sous le regard inquiet, voire rageur d’autres étudiants qui, eux, veulent tout simplement « passer leurs examens ».

Paris 8-Saint-Denis, dans la proche banlieue nord de la capitale, est l’une des quatre universités françaises (sur 73) « occupées » par des étudiants vent debout contre la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, accusée par ses détracteurs d’instaurer une « sélection ».

Tandis que les examens sont censés débuter, Paris 8 a pris des allures de camp anarchiste aux murs recouverts de tags prônant tantôt la révolution féministe, tantôt un soutien aux Kurdes.

« Si tu veux dénoncer bah crie plus fort », disent les paroles d’une chanson du rappeur local Sofiane, gravées en lettres géantes sur les tables d’une salle de cours aux murs recouverts de graffitis.

Pour les étudiants d’extrême gauche qui forment la majorité des « occupants », le mouvement déborde largement l’opposition à la seule loi sur l’accès à l’université et font écho à la « révolution » de mai 1968, il y a exactement cinquante ans: « l’occupation » avait cette fois-là concerné de nombreuses usines et universités.

« C’est une lutte contre le plan étudiant mais aussi une lutte vraiment plus générale », explique Zoe, 19 ans, qui, comme d’autres, refuse de donner son nom de famille.

L’étudiante en histoire au crâne rasé dit combattre « les flics et la répression de l’Etat, le système économique en général ».

Mais les « révolutionnaires » sont très loin de faire la majorité.

« Je veux juste passer mon partiel », lance une étudiante à la voix couverte par des slogans hurlés au mégaphone: « La fac elle est à qui ? A nous, à nous, à nous ! ».

Après les promesses du gouvernement que les examens pourront se tenir, plusieurs universités ont été débloquées par les forces de l’ordre, tandis que le gouvernement a répété la « nécessité » de réformer un enseignement supérieur arrivé à un point de rupture.

Actuellement, tout jeune Français ayant réussi son baccalauréat, diplôme de fin d’études secondaires, dispose d’un droit d’accès à l’université, théoriquement dans la filière qu’il veut, pour des frais d’inscriptions qui n’atteignent que quelques centaines d’euros l’an.

Mais ce que nombre de Français vénèrent comme un symbole de l’égalité, les autorités le voient comme la raison de l’actuelle saturation des universités. Près de 80% des Français ont maintenant leur « bac », grossissant ainsi les rangs des « facs », au-delà de leurs capacités.

Les détracteurs du système pointent un gâchis, de nombreux nouveaux arrivants échouant dès la première année d’université. Environ 60% des étudiants n’arrivent pas à décrocher leur diplôme en quatre ans.

Pour alléger les universités, la réforme établit un niveau « prérequis », et la possibilité de cours de rattrapage. C’est une forme de sélection, dénoncent les opposants. Le sujet reste extrêmement sensible en France, où de nombreuses protestations ont fait chuter des réformes instaurant la sélection à l’université.

A Paris 8, une université située dans une banlieue pauvre de Paris, on doute que la réforme favorise les plus désavantagés.

« Je suis contre la loi », tance Louise. Mais, « en même temps, je suis contre le blocus aussi. On peut se faire entendre par d’autres moyens », juge cette étudiante en géographie de 19 ans.

Pour elle, l’université pour tous donne aux enfants d’extraction modeste l’opportunité de briller, voire « même de devenir professeurs et de donner quelque chose à la France », assure-t-elle.

« Le président essaie de faire de la France ce qu’on fait aux Etats-Unis, de créer un certain déséquilibre entre les classes », estime-t-elle.

Les étudiants « occupants » sont soutenus par des personnels de l’université tandis que d’autres, quand ils osent parler, dénoncent un gâchis.

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