L’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), a adressé mercredi 9 mars un courrier au président de la République lui demandant de venir en aide au secteur du BTP.
Sous l’intitulé « aider le BTPH, c’est sauver l’emploi partout en Algérie », l’AGEA sollicite l’aide et l’accompagnement de l’Etat.
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« La reprise des chantiers ne signifie pas la fin des problèmes pour les entreprises du BTPH », souligne l’AGEA qui anticipe un « effondrement de la construction si aucune mesure de soutien n’est prise par le gouvernement ».
L’Association des entrepreneurs algériens pointe les surcoûts « liés à la mise en sécurité sur chantier » qui « ne sont que rarement partagés », ce qui « fragilise fortement » les entreprises du BTP.
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A ce premier choc vient s’ajouter un second : l’effondrement de la commande publique ainsi que privée, selon la même source. « Si rien n’est fait, cette combinaison désastreuse se traduira inévitablement avec des entreprises en faillite et des salariés qui ne manqueront pas de grossir les rangs des chômeurs », prévient-on.
Le secteur de la construction représente près de 1,5 million d’emplois en Algérie. Il compte près de 350.000 entreprises, « essentiellement des TPE /PME situées sur tout le territoire, dont la baisse d’activité a été comparable aux entreprises frappées par les fermetures administratives », a encore ajouté l’AGEA.
« Autant les premières mesures de soutien du gouvernement se sont avérées efficaces, autant depuis plusieurs semaines, il tergiverse à prendre les dispositions qui s’imposent pour maintenir à flot un secteur essentiel à l’ensemble de l’économie du pays », déplore l’AGEA.
Des logements à louer au prix du SMIG
Pour stimuler l’investissement des ménages, des acteurs privés et des collectivités publiques, I’AGEA propose au gouvernement d’organiser dans les meilleurs délais possibles les 4es Assises nationales du BTPH pour relancer le secteur afin de ressortir avec les meilleures propositions et solutions.
Les entrepreneurs bâtiment proposent également la prise en charge par le gouvernement des surcoûts « liés au Covid-19 par l’annulation des charges fiscales et sociales des deux exercices 2019/2020/2021 ».
L’Association générale des entrepreneurs algériens appelle aussi au retour à un taux réduit de TVA à 7% pour l’ensemble des travaux de BTP. En outre, l’association des entrepreneurs suggère « la dépénalisation fiscale et parafiscale » des entreprises du secteur du BTPH par rapport à la conjoncture actuelle du pays 2019/2020/2021, « ce qui réconfortera les opérateurs et les stimulera pour la relance d’activité ».
L’Association des entrepreneurs algériens a fait une proposition courageuse et inédite. Elle propose de mettre un terme ou du moins atténuer grandement la spéculation sur le marché de la location immobilière.
Pour ce faire, l’AGEA appelle à encourager l’entreprise nationale à construire des logements destinés pour 50% à la location et 50% à la vente. « La nouveauté portera sur le prix de location qui ne dépasserait pas le SMIG », suggère l’association.
Elle souligne que le moteur et le facteur principal de la réussite de ce processus « est la facilitation à l’entreprise nationale à l’accès au foncier par un mécanisme d’acquisition auprès des walis via une structure mixte Etat-entreprise, chargée de manager ce dossier et d’éclater tous les verrous qui viendraient à entraver sa réussite ».
Par ailleurs, l’AGEA recommande que les études et les missions de conception et de suivi des projets de l’État soient confiées à des bureaux d’études (BET) algériens par des concours d’architecture ou concours de projet.
« Ces BET algériens dotés de ressources humaines et techniques d’une qualité mondiale, sont les seuls à même d’adapter leurs œuvres aux spécificités architecturales /urbanistiques de chaque région de notre pays », avance l’organisation patronale.
Ceci est valable aussi bien pour les bureaux d’études dans les secteurs travaux publics (TP) que dans l’hydraulique, précise-t-elle. Comme l’argent reste le nerf de la guerre, l’AGEA lance un appel aux banques afin de mettre en place « des mécanismes sérieux et viables d’implication effective des banques leur permettant de s’investir pour accompagner les entreprises dans la réalisation et le suivi des projets de construction ».