Une conférence de l’opposition est prévue pour le 6 juillet. Dans quel contexte celle-ci intervient-elle ?
Mohamed Hennad, politologue. Cette conférence intervient dans un contexte de grande maturité politique. Il faut réaliser que nous avons, depuis le 22 février, réalisé un acquis inestimable, celui du caractère pacifique, voire pacifiste, des marches malgré les nombreuses provocations.
Cependant, il est regrettable d’apprendre qu’une partie de l’opposition, et pas des moindres, ne participera pas à cette conférence. Il s’agit des « Forces de l’alternative démocratique » regroupant des partis importants tels que le FFS, le RCD et le MDS.
Actuellement, l’opposition nationale se scinde en deux forces : d’un côté « les Forces du changement pour le triomphe du choix du peuple » et « les Forces de l’alternative démocratique », de l’autre. Or, vu la gravité de la crise que traverse l’Algérie, une telle division ne devrait pas exister puisqu’il ne s’agit guère d’une compétition politique entre prétendants mais bel et bien du devenir de l’Etat national en tant que tel.
Il va sans dire que le pouvoir va se réjouir d’une telle division qui le confortera dans ses certitudes comme le seul capable de résoudre la crise !
Que peut-elle apporter au processus de résolution de la crise politique actuelle ?
Cette conférence s’inscrit dans le cadre d’innombrables initiatives qui continuent d’enrichir le débat politique pour s’entendre sur les voies et les moyens à même d’empêcher le pouvoir de faire cavalier seul et d’organiser une élection présidentielle lui permettant de survivre. Elle constitue une certaine synthèse des débats que l’on connait depuis le 22 février.
En outre, cette conférence va prendre le monde entier pour témoin en vue d’amener le pouvoir actuel à réaliser la gravité de la situation et accepter une sortie de crise multilatérale et consensuelle.
Que signifierait la présence éventuelle de figures politiques à cet événement ?
Evidemment, la présence de personnalités va rehausser l’événement et les débats. Ces personnalités vont aussi participer en tant que témoins, mais aussi en tant qu’anciens responsables considérés comme exemple d’hommes d’Etat. Il y a aussi, en filigrane, ce sentiment que ces gens-là représentent des « occasions perdues » pour le pays.
Pensez-vous que les ingrédients d’une solution de la crise sont là ?
Il est difficile à dire du moment que l’on ne voit aucun signe de la part du pouvoir allant dans ce sens. Apparemment, tout ce qui l’intéresse c’est l’organisation d’une élection présidentielle dans les plus brefs délais, tout en promettant que, cette fois-ci, cette élection sera « libre, transparente et honnête ».
Ainsi, il feint d’ignorer que ces promesses ont, de tout temps, été faites mais sans jamais être tenues. Cette fois-ci, les citoyens refusent de se laisser berner pour la énième fois. Le pouvoir ne veut pas admettre l’existence d’un problème énorme, celui du manque de confiance dont il fait l’objet.
Ce 5 juillet, date de l’indépendance, intervient cette année dans un contexte politique particulier. Des marches grandioses sont prévues à cette occasion. Cette démonstration peut-elle faire basculer la scène politique de manière radicale ?
D’abord, il faut signaler cet alignement des planètes pour l’Algérie cette année, puisque la fête de l’Indépendance coïncide avec la marche de vendredi ! Ce qui retient absolument l’attention dans la marche cette fois-ci c’est la force du message véhiculé : « En 1962, on a libéré la terre, en 2019 on va libérer l’homme » !
Maintenant, cette marche, qui sera certainement grandiose, va-t-elle faire basculer la scène politique nationale ? Sans doute, mais pas dans l’immédiat. Cette marche, pour la liberté de l’homme, va dissiper beaucoup de doutes et bousculer beaucoup d’hésitations. Elle remettra aussi les tenants du pouvoir à leur place et, en même temps, faire prendre conscience aux citoyens de leur responsabilité. Bref, la marche de ce vendredi sera historique, pour l’Algérie et pour le monde entier !
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