La Conférence nationale des étudiants qui doit se tenir samedi 17 août, suscite des remous au sein de la communauté estudiantine.
Le principal reproche qui est fait aux organisateurs, notamment le Pôle des étudiants algériens et le Front des étudiants, est de n’avoir pas consulté « la base des étudiants » à travers des assemblées générales.
Outre le grief concernant la démarche, des étudiants émettent des doutes sur les objectifs et les visées d’une telle conférence. Yani Aidali, membre de la Coordination autonome des étudiants de l’université Alger 2 (Bouzaréah), résume ses griefs : « Nous n’avons pas encore tranché sur notre participation à cette conférence. Nous dénonçons la démarche que nous considérons comme antidémocratique. Tenir une conférence en plein mois d’août alors que les étudiants sont en vacances est un acte antidémocratique. Il n’y a pas de consultation de la base, il n’y a pas d’assemblées générales préalables ».
Notre interlocuteur reproche aussi à ses camarades une démarche bureaucratique pour avoir fixé à l’avance l’ordre du jour de la conférence.
« Il y a beaucoup d’ambiguïtés par rapport au contenu et aux objectifs. On a donné à la conférence un contenu qui n’a rien à voir avec les revendications des étudiants. On parle d’étudier et d’expliquer la feuille de route présentée sur la scène politique, on se demande pourquoi ? Il y a aussi des doutes en ce qui concerne le lieu de tenue de la conférence des étudiants et la logistique qui va avec (la Conférence des étudiants est prévue à la salle Ali Maâchi de la Safex, Ndlr). Au moment où les autorités envoient les militants en prison et empêchent les citoyens de marcher les vendredis en fermant les accès à Alger, elles donnent gracieusement une salle et délivrent une autorisation aux étudiants sans aucune difficulté. Pour nous tout ça est bizarre. Je tiens à préciser que ces doutes sont partagés par les étudiants de Constantine et de Béjaia », ajoute notre interlocuteur.
Pour lui, au-delà du lieu et de la logistique, « ce qui nous contrarie le plus c’est la démarche à savoir la tenue d’une conférence nationale pendant les vacances. Nous considérons que c’est un manque de respect pour la base estudiantine. En agissant de la sorte, les organisateurs pensent échapper au contrôle de la base ».
Les organisateurs se défendent
De son côté, Zakaria Belhadad membre du Pôle des étudiants algériens, un des organisateurs de la conférence, clame dans une déclaration à TSA la bonne foi des organisateurs.
« Nous ,étudiants du Pôle des étudiants algériens, avons fait plus de 3 mois de grève quand la majorité des étudiants passait les examens, l’arrêt de cours chez nous a été repoussé jusqu’au 30 juillet et nos examens on va les passer en septembre ,alors pour nous ce ne sont pas des vacances, et puis face à une mobilisation qui s’affaiblit de plus en plus on doit agir et on invite tout le monde ayant des doutes sur notre intégrité à venir participer à notre conférence », se défend-t-il d’emblée, en répondant aux critiques de ses camarades.
« Concernant le lieu c’est rare de trouver des salles suffisamment grandes pour accueillir autant d’étudiants. Pour le financement il sera à la charge des participants via une contribution symbolique de 100 DA. Les établissements universitaires appartiennent à l’État mais ça ne nous a pas empêchés d’y accueillir des conférenciers et faire des débats ouverts ».
Pour cet étudiant à l’Ecole nationale polytechnique (Polytech) il y a une certitude : « Les transitions qui ont réussi dans les autres pays sont passées par une négociation avec le système en place et cette information m’a été révélée pendant une conférence du collectif Nabni dans un de nos établissements ».
Selon notre interlocuteur, le but principal de cette première conférence est de faire connaître « nos organisations respectives dans le milieu estudiantin à travers toutes les wilayas et donc un ordre du jour s’impose pour essayer de faire une présentation de nos organisations et de notre feuille de route qui reste à débattre et à approuver par la majorité des étudiants mobilisés pour lui donner sa légitimité. La revendication principale est “Algérie libre et démocratique”».
Il conclut que c’est dans les processus de transition que les avis divergent et pour c’est pour cela, « qu’on invite tous les étudiants à y participer afin de débattre et améliorer notre feuille de route ».