La Radio nationale francophone a évoqué ce dimanche explicitement la faisabilité d’un report des prochaines élections présidentielles, prévues pour le 18 avril prochain, lors d’un entretien avec un professeur de droit constitutionnel.
« La Constitution a été perturbée en 2008, et nous entrons depuis dans des zones de perturbations constitutionnelles qui font qu’aujourd’hui on arrive à poser la question du report des élections présidentielles », a déclaré Walid Laggoune, professeur de droit à l’Université d’Alger, dans un entretien à l’émission l’Invité de la Rédaction.
« La Constitution ne prévoit aucune disposition sur le report des élections, et c’est normal parce que la logique constitution telle qu’elle est posée doit en principe déboucher sur des élections. Si on arrive à reporter des élections, cela veut dire que nous sommes dans une impasse », a affirmé M. Laggoune.
S’il affirme qu’« il n’y a donc pas de disposition juridique permettant à qui que ce soit de reporter les élections », Walid Laggoune estime cependant que l’ont « peut concevoir qu’il est du devoir de ceux qui ont la décision de garantir le respect de la Constitution de garantir le respect et de garantir la stabilité d’envisager ce report pour répondre à la demande sociale », a avancé le professeur spécialisé en droit constitutionnel.
« Quand on décide de reporter les élections, cela veut dire qu’il y a une appréciation politique qui doit être soumise à un consensus le plus large possible. Et tout consensus qui ne prend pas en considération l’expression populaire est voué à l’échec », a souligné le professeur Laggoune, ajoutant qu’il « doit y avoir un consensus sur les modalités d’organiser ce qu’on appelle la période transitoire ».
« Ce n’est pas un consensus entre acteurs politiques », a cependant tempéré Walid Laggoune. « Même si ces acteurs politiques seront amenés bien évidemment à discuter, elles doivent discuter sur un fondement essentiel qui est celui de l’expression populaire tel qu’il a été posé depuis maintenant trois vendredis », a-t-il indiqué.
Évoquant la proposition du candidat sortant Abdelaziz Bouteflika d’organiser une Conférence nationale de consensus s’il est réélu, le professeur en droit constitutionnel a estimé qu’il « apparait qu’une partie de ces réponses ne sont pas acceptées. Il appartient aux décideurs d’envisager avec lucidité les réponses les plus appropriées afin de pouvoir passer à la phase de transition ».