Politique

La crise continue à l’APN : partie d’échecs ou de poker menteur ?

Douze jours. Depuis le mercredi 26 septembre, l’Assemblée populaire nationale (APN) est plongée dans une crise inédite.

Les députés de la majorité (FLN, RND, TAJ, MPA et les indépendants) exigent le départ du président de l’APN qu’ils ont pourtant triomphalement élu il y à peine 18 mois. Mais Said Bouhadja fait de la résistance et refuse de partir.

Ce dimanche, pourtant, les déclarations du président de l’APN laissaient entrevoir une issue à ce bras de fer. En début d’après-midi, dans une déclaration à TSA, Said Bouhadja a confirmé sa volonté de démission de la présidence de l’APN, exprimée plus tôt dans la matinée devant des députés. « Oui, j’ai l’intention de quitter le Parlement. Cela n’est pas un problème », a-t-il dit, sans donner plus de précisions sur les modalités de l’annonce de sa démission.

Mais en fin de journée, coup de théâtre : il renonce à la démission. Devant des députés venus le rencontrer dans son bureau, il explique avoir changé d’avis après avoir reçu la visite d’un « émissaire ».

“J’ai reçu un émissaire qui est venu de la part d’une haute autorité du pays cet après-midi à 16h pour me demander de rester”, leur a-t-il confié.

Qui est cet émissaire ? Existe-t-il réellement ? Mystère. Mais les regards se tournent naturellement vers la présidence de la République.

Car dans cette partie de poker menteur entre Bouhadja et ses adversaires, chacun se réclame du soutien de la présidence de la République.

Les initiateurs de la fronde l’auraient laissé entendre dès le départ au risque de porter un coup dur à la sacro-sainte séparation des pouvoirs : c’est la présidence qui veut la tête du président de l’APN.

Leurs chefs, Ahmed Ouyahia et Djamel Ould Abbes, ont certes démenti. Mais personne ne semble les croire. D’autant que la présidence garde le silence.

En face, Said Bouhadja le dit publiquement : « Si la présidence était contre moi, elle m’aurait informé et la question serait résolue tout simplement ; ce qui n’est pas le cas. Je répète qu’il s’agit d’une action illégale montée dans un cadre partisan », a-t-il dit dans un entretien à TSA.

Jeudi, Said Bouhadja, ancien moudjahid, a reçu le soutien inattendu de la puissante ONM (Organisation nationale des moudjahidine). En habile politicien, Bouhadja met en avant son passé révolutionnaire.

Comme une riposte, les opposants au président de l’APN ont reçu, hier samedi, un soutien de taille, en la personne d’Ahmed Ouyahia Premier ministre et patron du RND. Ce dernier a conseillé à Said Bouhadja de partir. Un appel resté sans effet. Pire : cette déclaration qui aurait peut-être contribué à aggraver la crise. « C’est maladroit de donner des conseils à un ancien Moudjahid en public. C’est presque un manque de respect », résume un connaisseur du système.

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