Près de huit ans après avoir annexé la Crimée en mars 2014, la Russie a reconnu lundi 21 février l’indépendance de deux républiques séparatistes autoproclamées de l’est de l’Ukraine.
Cette ex-république soviétique est au cœur de fortes tensions entre la Russie et les Occidentaux, notamment les Etats-Unis.
| Lire aussi : Conflit Russie-Ukraine : Vladimir Poutine passe à l’acte
D’un côté, Européens et Américains accusent Moscou de vouloir « attaquer » et « envahir » l’Ukraine. De l’autre, le président russe Vladimir Poutine qui rejette ces accusations en affirmant se défendre contre les tentatives d’expansion de l’Otan vers les frontières du pays.
Cinq points pour comprendre la crise russo-ukrainienne
1) L’origine du conflit entre l’Ukraine et la Russie
La volonté de l’Ukraine de rejoindre l’Otan est au cœur des tensions avec la Russie qui s’inquiète pour sa sécurité. Ces tensions ont culminé en mars 2014 avec l’annexion de la Crimée et de la ville de Sébastopol par la Russie.
#Ukraine Hubert #Védrine : « Le Poutine de 2022 est largement notre création ../.. Kissinger et Brzeziński, les deux grands pontes de la géopolitique américaine, ont dit à plusieurs reprises que c'était complétement absurde de parler sans arrêt de mettre l'Ukraine dans l'OTAN.» pic.twitter.com/JZL3ZctAMa
— Kâplan (@KaplanBen_Fr) February 23, 2022
Cette péninsule de 27.000Km2, située au sud de l’Ukraine et bordée par la mer Noire, qui recèle de gaz et de pétrole, a une position hautement stratégique pour la Russie.
La Crimée est la seule voie de la Russie vers les mers chaudes. Pour Sébastopol, cette ville située au sud-ouest de la Crimée, elle a toujours été une base pour la marine soviétique, puis russe. Les Russes ne veulent pas qu’elles deviennent une base militaire de l’Otan.
L’annexion de cette région à la Russie, suite à un référendum contesté par les Occidentaux et entaché de lourds soupçons de fraude, a été suivie par un conflit armé dans les régions de Louhansk et de Donetsk dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine. Ces régions sont à majorité russophones.
Depuis près de huit ans, l’est de l’Ukraine est en proie à un conflit entre l’armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes. Moscou est accusée d’être partie prenante dans ce conflit en armant et finançant les rebelles.
2) L’escalade
Au début du mois de novembre dernier, la Russie a déployé des unités navales et aériennes, des chars d’assaut, et des milliers de soldats près de sa frontière avec l’Ukraine.
Démonstration de force ou véritable menace, la tension est montée d’un cran à l’échelle international. Le 10 novembre, les Etats- Unis ont demandé des explications à la Russie sur des mouvements de troupes « inhabituels ».
Poutine : « Vous voulez que la France entre en guerre avec la Russie ? »
Il ne manquerait plus qu'une guerre contre la Russie pour compléter le bilan désastreux de Macron… pic.twitter.com/ezdYfgBTS2— Rob Queenal (@QueenalR) February 16, 2022
Le 28 du mois, l’Ukraine a indiqué que près de 92.000 soldats russes ont été déployés à ses frontières. Moscou a accusé en retour Kiev de masser des troupes dans l’est du pays.
3) L’OTAN au cœur du conflit
Les aspirations ukrainiennes à rejoindre l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) sont incontestablement au cœur du conflit russo-ukrainien. L’Ukraine tente de rejoindre cette organisation, qui garantit une alliance politico-militaire entre les différents Etats membres. Un objectif stratégique majeur de la politique étrangère et sécuritaire du pays.
#SputnikVidéo | «La Russie a accepté toutes les nouvelles réalités géopolitiques»: #Poutine qualifie de spéculations l’idée que la Russie veuille restaurer l'Empire russe dans ses frontières impériales pic.twitter.com/5gBOA2zjUD
— Sputnik France (@sputnik_fr) February 23, 2022
Pour la Russie, l’adhésion éventuelle de l’Ukraine à l’OTAN est une ligne rouge à ne pas franchir. Le pays refuse catégoriquement l’élargissement de l’Alliance atlantique à ses frontières.
4) La réaction des Occidentaux
Depuis le déploiement des forces russes aux frontières de l’Ukraine, au mois de novembre dernier, les initiatives diplomatiques à l’échelle internationale n’ont pas manqué pour tenter de désamorcer les tensions.
Les Etats-Unis et des pays de l’Union européenne, à leur tête la France et l’Allemagne, ont affiché leur unité en menaçant la Russie de sanctions sévères en cas d’invasion.
L’Union européenne a lancé plusieurs appels au dialogue tout en menaçant Moscou de sanction « très lourdes et très conséquentes »en cas d’attaque.
Cuba, le Venezuela et la République centreafricaine ont apporté leur soutien à la Russie. La Chine a dit comprendre les inquiétudes de Moscou et souhaité que l’Ukraine reste en dehors de l’Otan.
5) L’évolution du conflit
Lundi 21 février, un pas de plus vers un conflit armé entre la Russie et l’Ukraine a été franchi. Le président russe Vladimir a annoncé la reconnaissance par son pays de l’indépendance des territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine, les républiques autoproclamées du Donetsk et de Louhansk. Le même jour, il a ordonné le déploiement de l’armée russe dans ces territoires. Une décision condamnée par l’ONU et les pays occidentaux.
Ce mercredi 23 février, l’Ukraine a annoncé la mobilisation de ses réservistes, âgés de 18 à 60 ans, face à la crainte d’une escalade militaire « imminente » et a appelé ses ressortissants à quitter « immédiatement « la Russie.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne, le Japon et le Canada ont, par ailleurs, annoncé une série de sanctions contre Moscou, dans la nuit de mardi à mercredi.
L’Allemagne a notamment suspendu le gazoduc « Nord Stream 2 » tandis que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont annoncé des sanctions à l’encontre de plusieurs banques russes.