Depuis hier soir, la France subit de vives critiques de la part de l’opposition et des Algériens sur les réseaux sociaux. Les déclarations de son ministre des Affaires étrangères, le premier à avoir réagi à la nouvelle lettre de Bouteflika, sont perçues comme un soutien précipité de Paris au régime algérien.
« Je salue la déclaration du président Bouteflika par laquelle il annonce ne pas solliciter un cinquième mandat et prendre des mesures pour rénover le système politique algérien », a écrit Jean-Yves Le Drian dans un communiqué.
Ce mercredi, plusieurs partis d’opposition ont dénoncé une ingérence française et un soutien de Paris à Bouteflika. Dans un communiqué, le RCD a par exemple fait le parallèle avec le soutien de Paris au dictateur Kabila. « Ceux qui ont inspiré ou soutenu cette voie, à la Kabila en République démocratique du Congo, porteront eux aussi une lourde responsabilité devant le peuple algérien (…) C’est lui aussi, Jean-Yves Le Drian qui déclarait en février dernier sur un ton méprisant que « L’élection (République démocratique du Congo) s’est achevée finalement par une espèce de compromis à l’africaine. Je ne vois pas pourquoi on le remettrait en cause aujourd’hui ».
Sur les réseaux sociaux, les Algériens ont dénoncé les propos du ministre français, appelant Paris à « s’occuper de ses gilets jaunes ».
La réaction d’Emmanuel Macron, depuis Djibouti, a atténué un peu les effets de la déclaration de son ministre des Affaires étrangères. Le président français a salué « la décision » du président algérien de ne pas briguer un cinquième mandat et a appelé à « une transition d’une durée raisonnable ».
Mais dans l’après-midi, le président français a posté un tweet dans lequel il évoque « une nouvelle page pour la démocratie algérienne ».
Rapidement ces propos du président ont été dénoncés. Atmane Mazouz, député RCD, s’insurge : « Macron parle de “démocratie algérienne”. Désormais, les démocraties ne sont pas les mêmes ! Sacrée France officielle ! »
« En plus de cyniques relents néocolonialistes, les déclarations de Le Drian et Macron surlignent un deal d’inféodation comprador du pouvoir de fait dans lequel s’apprête à s’installer l’indigène Bouteflika », écrit un internaute sur Facebook.
Ali Dilem, le plus célèbre de nos caricaturistes, évoque une phrase signée « Abdelaziz Macron ».
Sur Facebook, les numéros de téléphone de l’Élysée sont très partagés. Les internautes invitent les Algériens à rééditer le coup des appels massifs au standard des Hôpitaux de Genève. En milieu d’après-midi, l’Élysée, interrogé par TSA, a affirmé que pour l’instant, « le standard n’est pas encore saturé ».