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La Dernière reine : un film qui montre un autre visage de l’Algérie

La Dernière reine : un film qui montre un autre visage de l’Algérie

La Dernière reine, film algérien réalisé par Adila Bendimerad  et Damien Ounouri, sort dans les salles en France ce mercredi  19 avril. L’avant-première à Paris a lieu ce mardi. Le film suscite déjà un grand engouement du public.

L’œuvre vaut par sa qualité artistique et sa thématique. C’est le premier long métrage à aborder une période peu explorée de l’histoire de l’Algérie, celle de la domination ottomane.

Le scénario, écrit par Adila Bendimerad, est un mélange d’histoire et de fiction. En 1516, Alger, encerclée par les troupes espagnoles, fait appel aux Ottomans.

Le corsaire Arroudj Barberousse arrive en sauveur. Les Espagnols sont chassés et c’est le début de la présence ottomane en Algérie qui ne prendra fin que trois siècles plus tard, avec la prise d’Alger par les Français en 1830. L’histoire est ainsi enseignée dans les écoles algériennes, sans s’attarder sur les « histoires » personnelles, les drames qui ont fait cette épopée.

Le film présente Barberousse sous un autre visage. Après avoir conquis la ville, il aurait entrepris une autre conquête, celle du cœur de la reine Zaphira. Pour cela, il n’a pas hésité à assassiner son mari, le roi Salim Toumi. La première résistance qu’a rencontrée le Turc à Alger a été celle de Zaphira.

Les réalisateurs eux-mêmes reconnaissent  que tout peut-être ne s’est pas passé ainsi. Barberousse et Salim Toumi appartiennent à l’histoire, mais Zaphira relève plus dans la légende.

Elle a existé sans doute, l’histoire retient que la femme du roi a opposé une résistance au nouveau maitre d’Alger, mais elle n’a pas retenu son nom. L’exercice est autant difficile qu’inédit pour le cinéma algérien, centré jusque-là sur les thématiques de la guerre de Libération et la colonisation française, les drames sociaux et la comédie.

La « Dernière reine » sortira dans 2 ou 3 mois en Algérie

La polémique est inévitable dès lors qu’un personnage retenu par l’histoire officielle comme un héros, un libérateur, est présenté sous un autre jour. Arroudj a tué le roi d’Alger pour épouser sa femme ?

L’affirmation ne peut rester sans réaction. La version est contestée par certaines voix en Algérie pour qui, une telle version risque de constituer une remise en cause pas seulement du personnage, mais de toute la présence ottomane en Algérie, jamais qualifiée, du moins officiellement, d’occupation ou de colonialisme. C’est aussi ça la fonction d’un film véritable : susciter le débat.

Le financement du film est en grande partie algérien, mais les deux réalisateurs ont eu recours à des compétences mondiales, pour les effets spéciaux faits par des Taïwanais, la musique composée par des Russes. La grande difficulté, explique Adila Bendimerad, était de reconstituer les costumes d’époque, tant cette période de l’histoire de l’Algérie était peu explorée.

Au casting, le rôle de la reine est interprété par la co-réalisatrice Adila Bendimerad et celui de Arroudj par Dani Bensalah, un acteur franco-algérien.

La première projection de l’œuvre à la Mostra de Venise a séduit la critique. Au tour maintenant du public français d’être charmé. L’avant-première parisienne de ce mardi se fera à guichets fermés et les producteurs s’attendent au même engouement pour le reste du programme. Le public algérien devra encore attendre deux ou trois mois pour découvrir le film. Sa sortie en Algérie a été retardée par des « lenteurs bureaucratiques », selon Damien Ounouri.

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