L’agence de notation chinoise Dagong a dégradé la note de la première puissance mondiale mardi, alors que les agences américaines maintiennent des notes élevées.
Les États-Unis sont-ils moins solvables qu’avant ? C’est le cas à en croire l’agence de notation chinoise Dagong, qui a dégradé mardi la note souveraine de la première puissance économique mondiale de A- à BBB+, avec perspective négative. Une note similaire à celle… de la Colombie.
L’agence estime que la dépendance de l’économie américaine à l’endettement mine, à terme, la solvabilité de l’État fédéral. La réforme fiscale n’arrange pas les choses. Les baisses d’impôts votées en décembre pourrait grossir la dette fédérale (qui culmine à 20.000 milliards de dollars) de 1.400 milliards de dollars en dix ans. “Les réductions massives d’impôts réduisent les capacités de remboursement de la dette du gouvernement fédéral, affaiblissant de ce fait encore plus la base de remboursement de la dette du gouvernement fédéral“, pointe l’agence de notation.
Pire, Dagong va jusqu’à avertir que la “solvabilité virtuelle”des États-Unis deviendra vraisemblablement “le détonateur de la prochaine crise financière”.
La dette des États-Unis reste bien notée par les agences américaines
Cet avis n’est pas partagé par ses concurrentes américaines. Les agences de notation Fitch et Moody’s accordent leur note la plus élevée (AAA) à la dette souveraine américaine. Standard & Poor’s (S&P) l’a abaissé d’un cran à AA+ depuis 2011.
Au lendemain de la crise financière, le patron de Dagong Guan Jianzhong avait accusé ses trois consœurs de ne pas avoir “averti correctement des risques, au point d’entraîner l’ensemble du système financier américain au bord de l’effondrement”, dans les colonnes du Financial Times.
La raison ? Les agences américaines ne se tiendraient pas à “des critères objectifs”, mais seraient “politisées” et “idéologiques”, selon les dires de Dagong rapportés à l’époque par Le Monde. Cela expliquerait aussi les divergences de notation de la dette chinoise, moins risquée selon l’agence chinoise que selon Fitch, Moody’s et S&P.
En mai dernier, Moody’s a dégradé la note de la Chine de AAA à A, une première depuis 1989. Le ministère des Finances chinois a critiqué l’évaluation de l’agence américaine qui aurait “surestimé les difficultés que traverse l’économie” du pays et “sous-estimé la capacité du gouvernement à approfondir les réformes”. Cela n’a pas empêche S&P d’également rétrograder sa note de AA- à A+ en septembre. Alors que Dagong a maintenu son triple A.
Réduction des titres américains ?
La dégradation de la note américaine par Dagong n’est pas sans faire écho à la polémique de la semaine passée sur l’éventualité d’une réduction, voire d’une interruption, des achats d’emprunts d’État américains par la Chine.
L’information, évoquée par certains médias, dont Bloomberg, pourrait être fondée sur des informations inexactes et n’être qu’une fausse nouvelle, a déclaré l’Administration d’État des changes (SAFE), le régulateur chinois du marché des changes.