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La France continue de se déchirer sur l’abaya

Sans surprise, la polémique sur l’abaya en France a rebondi au lendemain du 4 septembre, jour de rentrée des classes.

Le président Emmanuel Macron, qui soutient à fond l’interdiction de cet habit, s’est encore exprimé sur la question, suscitant une avalanche de réactions, et attisant la polémique sur le sujet.

L’interdiction de cette longue robe féminine -et du qamis masculin aussi- a été actée le 27 août dernier par le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal. Depuis, la société et la classe politique française se déchirent, entre soutiens inconditionnels de la mesure au nom de la laïcité, et ses détracteurs qui mettent en avant la liberté individuelle et les droits des musulmans.

Un premier bilan de la mesure a été dressé au soir du premier jour de la rentrée. Comme attendu, certains élèves ont bravé l’interdit. Selon le ministère de l’Éducation, près de 300 élèves se sont présentés aux établissements en abaya.

Parmi eux, 67 ont refusé de l’enlever et n’ont, de ce fait, pas pu entrer en classe. Le gouvernement ne bluffait pas en promettant de mettre toute la fermeté voulue. Mais c’est loin d’être fini. Les appels à braver l’interdiction se sont multipliés sur les réseaux sociaux et la partie de la classe politique opposée à la mesure ne lâche pas l’Exécutif.

« La laïcité punitive est contre-productive (…) Est-ce qu’on pourrait, cinq minutes, laisser les musulmans en paix ? », s’est emporté le chroniqueur et polémiste Yann Moix.

@eucalyptus.31 Appel a toute les femmes ! Portons toute des ribes longue et faisons tomber cette lois liberticide et anti femme #femmes #droitdelafemme #robe #nousavonsledroitdeporterdesrobes #ecole #robeinterdite #robeinterditealecole #gouvernement #pourtoi #foryou ♬ son original – Eucalyptus

« Maintenant, on refuse aux musulmanes de porter la jupe. Chaque mois, ça va être un nouveau truc », a dénoncé une influenceuse sur TikTok, appelant les femmes, et non seulement les écolières, à porter l’abaya dans la rue en signe de solidarité.

@lodoniri Empêcher l’accès à l’éducation aux personnes musulmanes comme stratégie raciste. De plus en plus de membres de l’éducation nationale empêchent des personnes musulmanes et/ou racisées d’aller suivre leurs cours sous prétexte qu’elles auraient des jupes trop longues. #islamophobie #abaya #education #laicite ♬ son original – Lo Doniri – Philosophie & co

Le président Macron est particulièrement fustigé pour des propos tenus simultanément à l’entrée en vigueur de l’interdiction.

Dans une interview à une chaîne YouTube, Macron a fait le parallèle entre cette affaire et l’assassinat du professeur Samuel Paty, décapité par un jeune radicalisé en 2020 pour avoir montré en classe des dessins du prophète de l’Islam.

« On ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas eu d’attaque terroriste et l’assassinat de Samuel Paty dans notre pays », a-t-il dit.

Abaya en France : la polémique prend de l’ampleur

Des propos qui ne passent pas à gauche, où de nombreux élus de les Nupes ont reproché au président de faire un amalgame entre islam et terrorisme et de reprendre la rhétorique de l’extrême-droite.

« Le président de la République parle comme Le Pen et Zemmour », a écrit le député Antoine Léaument.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a, lui, noté une contradiction entre les propos du président Macron et ceux de sa Première ministre, Élisabeth Borne qui avait assuré que l’interdiction de l’abaya « ne stigmatise personne ». Pour Faure, il s’agit d’une « dérive aussi inquiétante que dangereuse » du chef de l’État.

Macron s’est défendu en indiquant qu’il a juste voulu rappeler que dans son premier quinquennat « le pire est arrivé » avec la décapitation d’un professeur en pleine rue.

Les observateurs notent surtout que sous Emmanuel Macron, les polémiques liées à l’Islam et à l’immigration se sont multipliées, notamment lors de ce second mandat durant lequel devrait être présentée une nouvelle loi sur l’immigration.

Une loi qui s’annonce dans la continuité des deals entre Emmanuel Macron et la droite traditionnelle représentée par les Républicains et leur président « très à droite » Éric Ciotti.

Pour Macron, c’est la meilleure voie pour espérer freiner la montée inexorable du Rassemblement national et de tout le courant extrémiste. L’enjeu pour lui est crucial : après l’espoir suscité par son élection en 2017, il ne veut pas être le président qui remettra les clés de l’Élysée à l’extrême-droite en 2027.

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