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La France divisée sur le sort à réserver à ses djihadistes détenus en Syrie

La France divisée sur le sort à réserver à ses djihadistes détenus en Syrie

« On les tue sur place, des assassinats ciblés ça a toujours été fait ». Ce député du parti Les Républicains (droite française) Pierre-Henri Dumont, ne tourne pas sa langue pour dire le sort qu’il souhaite réserver au djihadistes français appelés à revenir dans leur pays où la peine de mort est abolie.

« Il y a un choix juridique d’intelligence avec l’ennemi, en leur retirant la nationalité française. Il y a un autre choix, l’élimination de ces personnes », dit-il encore.

« Ce sont des djihadistes, ils ne devraient donc plus être français », avait tweeté un peu plus tôt la chef de file de l’extrême droite Marine Le Pen, réagissant à des propos du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, pour qui « ce sont des Français avant d’être des djihadistes.

Jusque-là, la France était opposée au retour de ses prétendus combattants de la foi détenus par les Kurdes en Syrie. Désormais, elle n’exclut plus leur rapatriement. Et pour cause, ils risquent de s’évanouir dans la nature à la faveur du retrait américain de Syrie, et constituent de nouveau une menace.

« Compte tenu de l’évolution de la situation militaire dans le nord-est syrien (…) nous examinons toutes les options pour éviter l’évasion et la dispersion de ces personnes », a annoncé mardi la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, esquissant un virage à 180 degrés de la position française.

C’est une nouvelle position induite par le changement de la situation sur le terrain. Paris n’envisageait que le rapatriement des enfants retenus avec leurs mères, avec l’accord de celles-ci, mais martelait que combattants et épouses devaient être jugés sur place et y purger leur peine. La France ne souhaitait pas voir revenir sur son sol ces « soldats » dont le sort allait représenter un casse-tête politique, sécuritaire, judiciaire et carcéral.

Avec la perspective d’un retrait américain, les zones kurdes pourraient être la cible d’une offensive turque ou revenir dans le giron de Damas, laissant craindre la fuite d’un millier de combattants étrangers vers l’Europe ou d’autres théâtres.

Dans un tel contexte, Paris se dit déterminé à parer à toute éventualité. « Si les forces qui ont la garde de combattants français prenaient la décision de les expulser vers la France, ceux-ci seraient immédiatement remis à la justice », a relevé la porte-parole de la diplomatie française, Agnès von der Mühll.

« On sait où ils sont, on sait de qui il s’agit et s’ils posaient le pied en France, ils seraient arrêtés et ils seront jugés », a renchéri le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner devant les députés.

Leur nombre : 130 personnes; une cinquantaine d’adultes (hommes, femmes) et des dizaines d’enfants. Ils sont détenus par les Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement kurdes, selon des sources françaises concordantes.

Mais leur nombre pourrait augmenter alors que les dernières poches du groupe Etat islamique (EI), désormais acculé sur un territoire de quatre kilomètres carrés, sont en train de tomber dans l’est de la Syrie, près de la frontière avec l’Irak.

Les FDS, qui combattent l’EI au côté de la coalition internationale sous commandement américain, n’ont jusqu’ici pas demandé à la France de reprendre ses ressortissants.

Mais ils ont aussi averti qu’ils auraient des soucis plus pressants que le sort de leurs prisonniers étrangers s’ils étaient amenés à combattre sur un autre front.

Certains pays ont déjà ramené leurs ressortissants. Un Américain de 34 ans capturé par les FDS a ainsi été transféré le 24 janvier à Houston quelques jours après sa remise aux forces américaines en Syrie.

La France, endeuillée par des attentats islamistes ces dernières années, est ainsi face à un cruel dilemme. « Le gouvernement devrait (plutôt) tout faire pour les empêcher de revenir sur le territoire ! », a lancé l’eurodéputé du Rassemblement national (extrême droite) Nicolas Bay.

« Ils ont (commis) les pires crimes possibles, ce n’est pas possible d’accepter ça », a réagi la députée Les Républicains (droite) Valérie Boyer, tandis que Laurent Wauquiez, qui dirige ce parti a jugé qu’il y a « une seule solution de bon sens : interdire purement et simplement le retour de tous ceux (qui sont) partis faire le djihad ».

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