Et si tout le bruit fait autour de l’immigration en France n’était en partie que le produit d’une manipulation de l’opinion ?
Parallèlement à l’unanimisme ambiant chez la droite et l’extrême-droite, des voix s’élèvent pour souligner, preuves et chiffres à l’appui, qu’il n’y a pas un « envahissement » de la France qui reçoit bien moins de migrants que les autres pays d’Europe.
C’est au nom de la lutte contre la montée de l’immigration que le gouvernement français a fait d’énormes concessions à la droite et l’extrême-droite pour faire passer la nouvelle loi sur l’immigration qui a été adoptée, mardi 19 décembre, par l’Assemblée nationale.
Or, de nombreuses voix en France ont critiqué sévèrement le texte alors que d’autres ont estimé qu’une telle « compromission » n’était pas nécessaire.
Toute cette question de l’immigration est « fabriquée » par « le complexe médiatico-sondagier » depuis 40 ans, accuse le journaliste Sylvain Bourmeau.
« Je ne crois pas du tout que cette question de l’immigration monte dans la société française, je crois qu’elle descend dans la société. Je crois qu’elle est fabriquée dans l’espace public par des responsables politiques qui travaillent avec des sondeurs », a indiqué, sur France TV, le fondateur du média AOC.
Selon lui, les enquêtes des instituts de sondage sont les seules qui sont citées, alors qu’il y a d’autres types d’enquêtes plus crédibles, comme celles qui sont produites par de véritables institutions scientifiques et des grandes enquêtes européennes qui livrent des données complètement différentes.
Ces enquêtes montrent que « le racisme baisse en France », qu’il n’y a pas un rejet de l’immigration et que l’immigration « n’est pas une préoccupation des citoyens français ». « Vraiment, on est face à un déni de réalité », regrette-t-il.
Un avis partagé par François Héran, sociologue, anthropologue et démographe, qui déplore que « personne ne reprenne ces données » des instituts spécialisés.
« Je n’ai jamais entendu un discours présidentiel ou ministériel qui insiste sur ces données. C’est toujours la même chose, l’étranger, c’est quelqu’un dont il faut se protéger », déclare le scientifique sur la chaîne parlementaire LCP.
Il a cité Éric Ciotti, le président du parti Les Républicains, selon lequel le modèle social français est « le plus généreux d’Europe qui fait de la France la destination privilégiée pour les migrants ».
« C’est totalement inexact, il n’y a aucune donnée qui confirme ça », répond le sociologue qui avance des chiffres qui démontrent le contraire.
Selon lui, sur l’ensemble des demandes d’asile déposées en Europe, seulement 4 % ont été enregistrées en France qui abrite pourtant 15 % de la population de l’Europe et détient 18 % de son PIB.
« Nous sommes très en deçà de la part qu’on aurait dû avoir. Les capacités d’accueil de la France sont au prorata de sa population et de sa richesse. Si on appliquait ce système, il faudrait accueillir 4 fois plus de demandeurs d’asile », analyse-t-il.
« La France a pris une part minime des étrangers qui sont arrivés en Europe ces dernières années, ils sont arrivés massivement en Allemagne et dans d’autres pays », confirme Sylvain Bourmeau, qui conseille au président de la République de plutôt écouter des instituts comme Convergence migrations, composé de 700 chercheurs et qui a publié un communiqué pour s’alarmer du vote de la loi Immigration.
« Au fond, ces chercheurs disent : mais de quoi parle-t-on ? C’est comme si on avait un débat sur la terre et qu’on partait du principe qu’elle était plate. C’est-à-dire, il n’y a pas de pression migratoire sur la France ».
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