Le gouvernement a annoncé lundi l’introduction de nouveaux critères pour les bacheliers souhaitant entrer à l’université publique en France, premier pas vers une forme de sélection jusqu’ici taboue dans le pays de l’éducation pour tous.
Quasi gratuite (184 euros par an en premier cycle) et ouverte à tous les titulaires du baccalauréat, l’université française est en crise depuis plusieurs années.
L’augmentation du nombre des bacheliers (40.000 de plus entre 2016 et 2017) a entraîné l’engorgement de certaines filières, contraintes de recruter par tirage au sort, et de brillants lycéens se sont parfois vu rejeter leurs demandes d’affectation.
Mais en dépit d’un taux d’échec de près de 60% en première année, toutes les tentatives d’introduire une forme de sélection à l’entrée de l’université ont jusqu’ici échoué, sous la pression de mouvements étudiants, contrairement à ce qui se passe pour les grandes écoles privées qui sélectionnent librement.
“Je n’ai jamais eu peur du mot sélection” mais “entre la sélection brutale et le tirage au sort, il existe une palette de solutions beaucoup plus souples, plus humaines et plus intelligentes”, a plaidé lundi le Premier ministre Edouard Philippe en annonçant ce plan, accompagné d’un financement de près d’un milliard d’euros sur cinq ans.
Ce dernier a annoncé la fin des tirages au sort – largement dénoncés comme injustes – et l’introduction d'”attendus requis”, c’est-à-dire les connaissances et les aptitudes nécessaires à un lycéen pour entrer dans la filière de son choix.
Ces “attendus” pour chaque filière seront désormais affichés par les universités et auront un caractère national pour ne pas créer de hiérarchie entre les différents établissements.
“Dans la plupart des cas, l’université dira +oui+” au choix du bachelier et, dans certains cas, elle dira +oui, si+, c’est-à-dire si le candidat accepte un parcours adapté qui lui permette de réussir dans la filière qu’il a choisie”, a précisé le Premier ministre.
Ces annonces concluent un processus de concertation entre étudiants, enseignants, universités et parents entamé à la mi-juillet, après de gros couacs survenus en juin au moment de l’affectation à l’université des bacheliers ou des étudiants, dus notamment à une croissance démographique mal anticipée.