Repoussée à deux reprises, la visite d’État que devrait effectuer Abdelmadjid Tebboune en France est toujours à l’ordre du jour, mais elle bute sur certains obstacles.
Elle devrait théoriquement avoir lieu au courant de l’année 2024. Reste que le programme de la visite et les dossiers appelés à être discutés entre Tebboune et son homologue français, Emmanuel Macron, ne sont visiblement pas encore ficelés.
« La visite fait toujours l’objet de préparatifs », a assuré le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, dans un entretien accordé à la journaliste algérienne Al Jazeera, Khadidja Bengana, dont des extraits ont été diffusés sur Atheer.
M. Attaf a confirmé ainsi les propos d’Abdelmadjid Tebboune tenus en août dernier.
Mais signe de la « sensibilité » de la relation entre l’Algérie et son ancienne puissance coloniale, cette visite envisagée se heurte toujours à des « désaccords » dont Ahmed Attaf vient de révéler un des éléments et qui est de nature à la faire capoter.
Il s’agit du refus des autorités françaises de restituer le burnous et l’épée de l’Émir Abdelkader comme souhaité et réclamé par Alger.
« Dans le programme, le président de la République devait se rendre au Château d’Amboise où était emprisonné l’Émir Abdelkader (entre 1848 et 1852 avec une centaine de personnes : sa mère, ses frères, des femmes, des dignitaires, des serviteurs, des enfants). Pour la symbolique, on a demandé la restitution de l’épée et du burnous de l’Émir, mais les autorités françaises ont refusé arguant la nécessité d’une Loi », a révélé Ahmed Attaf.
L’Émir Abdelkader pourrait bloquer la visite de Tebboune en France
« C’est très symbolique et l’Émir est notre patrimoine quand même », souligne-t-il.
À forte teneur symbolique, cette restitution, tributaire d’un texte de Loi, selon les arguments des autorités françaises, peut se révéler comme un sérieux handicap pour la programmation de la visite de Tebboune en France.
Ahmed Attaf ne s’est pas étalé sur les autres sujets qui sont au programme et qui éventuellement ne font pas l’objet de consensus. Mais ce « refus » illustre, selon lui, la « sensibilité » de la relation.
Dans un entretien télévisé diffusé en août dernier, Abdelmadjid Tebboune avait affirmé que la visite était toujours « maintenue » mais que les deux parties n’étaient pas encore tombées d’accord sur le programme de la visite.
« Nous ne sommes pas tombés d’accord sur le programme de cette visite. Une visite d’État a des conditions et doit déboucher sur des résultats. Ce n’est pas une visite touristique », avait-t-il déclaré.