La France fêtait le passage à la nouvelle année sous haute surveillance de crainte de débordements provoqués par des « gilets jaunes » dont la mobilisation a toutefois fortement décru ces derniers jours à Paris et en province.
Sur les Champs-Elysées, épicentre de la contestation ces dernières semaines, seuls quelques dizaines de « gilets jaunes » discutaient dans une ambiance bon enfant au milieu de touristes du monde entier et de badauds venus réveillonner.
Loic Coene, technicien industriel de 28 ans, a fait 02H30 de route depuis la Haute-Marne pour » fêter le 1er janvier pour la première fois à Paris ». Il voulait montrer que « ce n’est pas perdu, que le rassemblement n’est pas mort ».
A Bordeaux, une centaine d’entre eux occupaient le pont d’Aquitaine, qui a connu des heurts les semaines passées. Les « gilets jaunes » ont appelé à « faire la fête » sur ce pont, promettant barbecues et feux d’artifice.
« On fait ça pour que Macron ne nous oublie pas et lui montrer qu’on sera là en 2019 », a résumé Cyrille Pionneau, 49 ans. « Mais ce soir, ce n’est pas une manifestation, c’est un 1er de l’an entre gilets jaunes, entre gens du peuple, avec des gens qui ont trouvé une famille ».
Les autorités ont déployé 148.000 membres des forces de sécurité, dont 12.000 dans la capitale, théâtre de scènes de guérilla urbaine lors de manifestations de ce mouvement né le 17 novembre pour un changement de cap économique du président Macron.
« A quoi on peut s’attendre? Au désordre, parce que manifestement les +gilets jaunes+ organisent ou désorganisent aujourd’hui leur mobilisation pour mettre le désordre », pronostiquait à la mi-journée le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, ajoutant: « les inquiétudes sont partout en France ».
Le ministre a aussi évoqué la menace terroriste dans un pays toujours sur le qui-vive depuis le début de la vague d’attentats jihadistes en 2015.
Selon M. Castaner, la force mobilisatrice des « gilets jaunes » s’est néanmoins essoufflée: ils étaient 32.000 dans toute la France samedi dernier, selon lui, contre 38.600 lors de leur « acte VI » le 22 décembre. Les violences et dégradations, ainsi que le nombre de blessés, ont aussi marqué le pas.
– « Pas résignés » –
Dans son allocution télévisée, Emmanuel Macron a appelé les Français à cesser de se « déconsidérer ou de faire croire que la France serait un pays où les solidarités n’existent pas, où il faudrait dépenser toujours davantage ».
Selon lui, la « colère » des « gilets jaunes » a surtout montré que « nous ne sommes pas résignés ».
Depuis un mois et demi, les « gilets jaunes » réclament une revalorisation de leur pouvoir d’achat et d’avoir davantage de poids dans les prises de décisions publiques. L’avenue des Champs-Elysées a chaque samedi servi d’épicentre de leurs revendications.
Pour encadrer la foule qui compte fêter 2019 dans l’agglomération parisienne, un « dispositif » de 12.000 policiers, gendarmes, pompiers et secouristes a été mis en place « pour la Saint-Sylvestre », a indiqué le préfet de police Michel Delpuech.
Dans la capitale, un périmètre de protection a été instauré dès 16H00 autour des Champs-Elysées et de la place de l’Etoile. Un spectacle son et lumière suivi d’un feu d’artifice doit débuter à partir de 23H sur la célèbre avenue.
A l’intérieur du périmètre, où sont strictement interdits alcools et engins pyrotechniques, ont été prévues « des palpations de sécurité, des fouilles de bagages et de véhicules » selon la préfecture de police.
Les effectifs de sécurité et de secours ont également été renforcés dans d’autres villes.
La préfecture des Alpes-Maritimes a annoncé des « moyens en policiers et gendarmes très importants » pour la nuit du réveillon dans le département, où des « gilets jaunes » se sont donnés rendez-vous place Masséna à Nice mais aussi à leur « QG » de Saint-Isidore, un rond-point près de l’autoroute A8.