Voilà une affaire de santé publique qui fait débat depuis plusieurs mois en France. Dernier épisode : la révélation aujourd’hui par Le Parisien de trois naissances de bébés sans bras en 2016, dans les Bouches-du-Rhône (sud). Il s’agit de trois fillettes nées à cinq mois d’intervalle, autour de l’étang de Berre, près de Marseille. Elles viennent s’ajouter à de nombreux cas relevés dans les départements de l’Ain, près de Lyon, de la Loire Atlantique (Nantes) et du Morbihan, en Bretagne.
Cette malformation porte le nom scientifique d' »agénésie transverse des membres supérieurs (ATMS) », c’est à dire que le bras ne s’est pas développé avant la naissance. Ce qui interpelle les scientifiques c’est que les naissances soient intervenues dans un temps et un espace réduits.
En l’occurrence, il s’agit d’un périmètre industriel souillé par la pollution. D’où un possible lien entre les trois naissances. Une enquête a été ouverte comme dans les autres séries. Il s’agit de savoir si ces malformations découlent d’une dégradation de l’environnement.
L’alerte a été donnée en 2015 après les six anomalies signalées dans l’Ain. La concentration des naissances sur un rayon de 17 km a éveillé la suspicion. Un rapport évoquait la possibilité d’un lien avec le tétragène, un agent chimique utilisé en agriculture et en médecine vétérinaire. Mais l’établissement Santé Publique France (SPF) dépendant du ministère de la Santé estimait qu’il n’y avait pas de lien entre les dix-huit cas recensés à ce moment-là. Une controverse avec les scientifiques a suivi ces conclusions, sur fonds d’intérêts économiques et de règlements de comptes.
En fait, il y a chaque année un peu de 15O cas d’ATMS en France. En Europe, on parle de deux cas pour 10.000 naissances. C’est leur concentration qui inquiète dans les cas visés par les enquêtes. La question : une éventuelle exposition au tétragène aurait-elle induit une malformation du fœtus ? Plus clairement, s’agit-il d’un phénomène lié à l’utilisation des pesticides ? Dans le pays qui est la première puissance agricole d’Europe, les enjeux économiques de cette affaire sont colossaux. Les résultats des premières enquêtes sont attendus fin janvier.