Au lendemain de la visite à Alger de Jean-Yves Le Drian le ministre des Affaires Étrangères français à Alger, la France a décidé de tendre la main vers l’Algérie avec un acte en faveur de la réconciliation mémorielle.
La ministre française de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé ce vendredi 10 décembre la prochaine ouverture à l’avance des archives sur “les enquêtes judiciaires” de la guerre d’Algérie. Cette ouverture, qui ne devait avoir lieu que dans 15 ans, permettra de dévoiler les détails de pans importants de cette histoire, notamment les actes de torture commis par l’armée française sur la population algérienne.
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Des exactions qui doivent être assumées, a estimé la ministre de la Culture. « C’est l’intérêt du pays que de le reconnaître » a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse, rapporte l’AFP.
Rétablir la vérité pour se reconstruire
Ce geste intervient au moment où l’Algérie et la France connaissent un froid dans leurs relations diplomatiques. Plusieurs éléments ont envenimé les relations des deux pays. Les tensions se sont renforcées depuis la réduction du nombre de visas français de 50% pour les Algériens.
Une mesure en guise de représailles contre l’Algérie pour son refus de coopérer dans l’expulsion de ses citoyens en situation irrégulière sur le sol français. Mais le coup final a été asséné par le président français Emmanuel Macron, qui s’est montré publiquement critique envers les dirigeants algériens, en les accusant de profiter d’une “rente mémorielle”.
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Ce geste diplomatique est l’occasion pour Roselyne Bachelot d’aplanir les relations en faisant la paix sur le passé. “On a des choses à reconstruire avec l’Algérie, elles ne pourront se reconstruire que sur la vérité”, a-t-elle déclaré.
Roselyne Bachelot estime que ce geste est indispensable pour rétablir la vérité sur cette terrible histoire que l’Algérie et la France ont partagé. Elle a appelé à éviter les “errances” et “falsifications” de l’histoire.
Une politique mémorielle relancée avant la prochaine présidentielle française
La visite surprise de Jean-Yves le Drian à Alger a permis de relancer le dialogue entre les deux pays, dont les relations ont été plongées dans une crise d’une ampleur inédite. Sa venue en Algérie a permis de renouer les échanges et de relancer la coopération entre les deux pays. Surtout après les propos du président français, seule une visite officielle et un geste concret sur les questions de mémoire pouvaient réchauffer les rapports de l’Algérie avec la France.
A quelques mois de la prochaine élection présidentielle, Emmanuel Macron relance concrètement son projet de réconciliation mémorielle avec l’Algérie. Le chef d’État français semble se soucier du soutien de l’Algérie pour sa fin de mandat.
Emmanuel Macron a tenté différentes approches pour apaiser cette question douloureuse entre les deux pays.
En octobre dernier, il dénonçait les “crimes inexcusables” des autorités françaises dans les massacres d’Algériens le 17 octobre 1961 à Paris. Il avait également reconnu la responsabilité de l’armée française dans la mort de Maurice Audin mais aussi dans celle d’Ali Boumendjel, en assumant que le nationaliste algérien a été “torturé et assassiné”.
Cette nouvelle annonce de Roselyne Bachelot est également une suite logique à la promesse du président français faite en mars 2021, qui était d’écourter les délais de déclassification des archives de la guerre d’Algérie classifiées de plus de 50 ans.