Politique

La fronde des Sénateurs de la majorité contre l’arrestation de leur collègue du RND pour corruption

Fait inédit, la majorité des sénateurs du RND, du FLN et du tiers présidentiel ont boycotté, ce lundi 03 septembre, l’ouverture de la session parlementaire. Ils se sont rassemblés dans le hall du Sénat pour protester contre l’arrestation de leur collègue, le sénateur RND Malik Boudjouher, accusé de corruption.

Pris en flagrant délit de corruption, le sénateur avait été présenté devant le juge d’instruction du tribunal de Tipaza qui l’a placé en détention. Une décision qualifiée « d’anti constitutionnelle » par Mahmoud Kessari, sénateur FLN. « Le sénateur est protégé par l’immunité parlementaire. Comment se fait-il qu’il se retrouve en prison sans preuve ? », s’est-il adressé à la presse au nom de ses collègues.

Que prévoit réellement la loi dans ce cas ? L’article 127 de la Constitution précise : « Les poursuites ne peuvent être engagées contre un député ou un membre du Conseil de la Nation, pour crime ou délit, que sur renonciation expresse de l’intéressé ou sur autorisation, selon le cas, de l’Assemblée populaire nationale ou du Conseil de la Nation, qui décide à la majorité de ses membres la levée de son immunité ».

« Victime du pouvoir d’argent »

En revanche, l’article 128 stipule : « En en cas de flagrant délit ou de crime flagrant, il peut être procédé à l’arrestation du député ou du membre du Conseil de la Nation. Le bureau de l’Assemblée populaire nationale ou du Conseil de la Nation, selon le cas, en est immédiatement informé. Il peut être demandé par le bureau saisi, la suspension des poursuites et la mise en liberté du député ou du membre du Conseil de la Nation ».

Jusqu’à ce jour, le bureau du Sénat n’a introduit aucune demande la libération du sénateur en question.

Pour Mahmoud Kessari, le sénateur Malik Boudjouher est « victime du pouvoir de l’argent ». Kessari n’hésite pas à parler « d’un règlement de compte ». « C’est un homme d’affaires puissant qui est derrière l’emprisonnement de notre collègue », affirme-t-il. Et lorsque la presse lui rappelle que le sénateur incriminé a été pris en flagrant délit, Kessari répond que « les sénateurs sont dans leur majorité des hommes d’affaires » et « (qu’ils) n’ont pas besoin d’être corrompus ».

Les sénateurs frondeurs appellent à la constitution d’une commission d’enquête et invitent le président de la République à intervenir. Mahmoud Kessari n’hésite pas à faire le lien entre « les prochaines présidentielles et l’arrestation du sénateur RND », sans toutefois aller plus dans les détails.

L’appel au cinquième mandat en l’absence des sénateurs

Dans son discours d’ouverture, le président du Sénat Abdelakader Bensalah a appelé le président Abdelaziz Bouteflika « à poursuivre son œuvre à la tête du pays » pour « l’intérêt de l’Algérie et sa stabilité ». Pour lui, « l’intérêt national suprême » exige d’inviter le président Bouteflika « à poursuivre son œuvre dans la même voie et la même orientation ».

Un appel lancé dans une salle quasi vide. Les sénateurs de la majorité n’ont rien voulu consideré au président du Sénat. « Bensalah était informé de notre protestation. C’est à lui d’assumer les conséquences de ce geste », précise un sénateur RND. Ce dernier refuse, par contre, toute lecture politique de ce boycott. « Ce n’est pas la première fois que Bensalah lance cet appel au président pour se présenter en 2019 », justifie notre interlocuteur.

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