Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un, a annoncé samedi 21 avril que son pays cesserait « ses essais nucléaires et les lancements de missile balistiques intercontinentaux ».
Il a ajouté qu’il fermera aussi un site d’essais nucléaires « pour prouver son engagement à suspendre les essais nucléaires » selon des propos cités par KCNA, l’agence officielle nord-coréenne.
Ces propos auraient relevé de l’utopie dans un passé récent lorsque États-Unis, Corée du Sud et Japon d’un côté et Corée du Nord de l’autre, semblaient être au bord de l’affrontement en raison de la multiplication des essais nucléaires et de tirs de missiles balistiques nord-coréens.
D’ailleurs, présidents américain et nord-coréen se promettaient une lutte à mort, l’un répondant aux menaces de l’autre dans un style quasi-enfantin qui les rendaient d’autant plus dangereux et inquiétants.
Finalement, les deux dirigeants semblent être capables du pire comme du meilleur puisque Donald Trump avait annoncé le 8 mars dernier qu’il acceptait de rencontrer son homologue nord-coréen pour discuter de la dénucléarisation totale de la péninsule coréenne.
Un sommet entre les deux hommes est même prévu pour fin-mai ou début juin 2018. Le lieu de la rencontre n’a pas encore été précisé mais il semblerait que la Suisse, qui affirme « être en contact avec toutes les parties impliquées » et de par sa neutralité, soit en bonne position pour accueillir ce sommet, même si la Suède, la Thaïlande, la Finlande le Vietnam, et dans une moindre mesure la Chine sont aussi pressentis.
Voilà donc qui explique l’annonce du dirigeant nord-coréen, certainement en guise de signe de bonne volonté avant la tenue de ce sommet. Peut-être a-t-il aussi été bien conseillé par son grand voisin chinois dont il a rencontré le président, Xi Jinping, presque secrètement, fin mars 2018 à Pékin, une rencontre à l’issue de laquelle Kim Jong Un avait exprimé son attachement à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Il se peut que Kim Jong-Un se déplace à Moscou également rencontrer Vladimir Poutine pour se concerter avec la Russie avant ce sommet. La concertation avec la Chine et la Russie, alliées traditionnelles de la Corée-du-Nord, est une nécessité pour cette dernière tant ces deux puissances ont un rôle historique et géopolitique important dans ce vieux conflit de la péninsule coréenne, dont le dénouement semble soudainement proche.
À moins d’un revirement de dernière minute… Car après tout, ce n’est pas la première fois que les dirigeants nord-coréen et américain se rencontrent. En 2000, la secrétaire d’État américaine de l’époque, Madeleine Albright, était allée rencontrer Kim Jon-Il, le père de l’actuel président nord-coréen, afin de préparer une visite que Bill Clinton voulait effectuer en Corée du nord avant de quitter la présidence des Etats-Unis.
Finalement, cette rencontre n’a jamais eu lieu et son successeur, George W. Bush, s’est employé à tendre les relations avec la Corée du Nord en la qualifiant « d’État voyou » et en la classant dans l’axe du mal » au côté de l’Irak et de l’Iran.
En 2008, sous l’ère Bush, la Corée du Nord avait aussi proposé de démanteler son programme nucléaire et s’était vu retirée de la liste des pays soutenant le terrorisme pour y revenir en 2017.
Cette fois, les pays de la région, tels que la Chine mais surtout la Corée du Sud et le Japon, se sont déclarés optimistes à l’annonce de la tenue du sommet.
Seule zone d’ombre, les termes des négociations du sommet sont encore peu clairs. Le chef de la CIA a bien rencontré Kim Jong-Un en ce mois d’avril mais rien n’a été dévoilé quant à la teneur de leurs discussions. Si l’un des objectifs du sommet sera de mettre fin au programme nucléaire de la Corée du Nord, qui s’est retirée du Traité de non-prolifération nucléaire en 2003, Kim Jong-Un pour sa part semble tenir à son arsenal nucléaire qu’il a qualifié samedi 21 avril « d’épée chérie » qui protège la nation. Le sommet dira si le démantèlement de l’arsenal nord-coréen sera à l’ordre du jour des discussions.
L’autre grande question qui se pose concerne les relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Si des signes de réchauffement des relations se sont manifestés entre les deux pays suite aux jeux olympiques d’hiver de février 2018 à P’yŏngch’ang en Corée du Sud, quand les deux pays ont échangé des troupes musicales, on se demande par contre si les deux Corée finiront par signer un traité de paix un jour.
Ces deux pays sont en réalité techniquement toujours en guerre puisqu’ils sont seulement liés par un armistice ayant mis fin au combat de la guerre de Corée (1950-1953) entre d’un côté le Nord, soutenu par la Chine et l’Union soviétique, et de l’autre, le Sud soutenu par les États-Unis sous mandat des Nations unies.
Cet armistice, dit de Panmunjom, n’a jamais été remplacé par un traité de paix pour mettre fin à ce qui apparaît comme un anachronisme de l’histoire, ce conflit étant le dernier vestige de la guerre froide.