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La guerre en Ukraine révèle les contradictions des Occidentaux

Il n’aura pas fallu plus de quelques jours de guerre pour que l’Europe découvre et montre au monde qu’elle n’a pas totalement vaincu les démons du racisme.

Le conflit en Ukraine fait parler aussi par les dérapages constatés dans les réactions des politiques, des médias et de la société civile en Europe.

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Nonobstant la justesse ou l’irrecevabilité des motivations qui ont amené la Russie à faire la guerre à son voisin, le monde, et pas que l’Occident, a exprimé son rejet de la violence et même, dans une large mesure, sa solidarité avec le peuple ukrainien. Mais certains propos tenus dans les médias et des comportements constatés sur le terrain ne passent pas.

D’abord, il y a ces accusations de racisme à l’encontre des Arabes et Africains qui tentent de fuir la guerre. Depuis le début de l’opération russe, des centaines de milliers d’Ukrainiens et de ressortissants étrangers, dont des Algériens, tentent de passer en Pologne, Roumanie et Moldavie voisines.

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Mais il semblerait que les garde-frontières ukrainiens filtrent le passage pour faire passer en priorité leurs concitoyens. Les réfugiés sont triés selon le faciès ou la couleur de la peau et ce n’est pas de la mauvaise propagande.

Inimaginable dans le monde du 21e siècle, de surcroît dans un pays qui crie à l’agression, se porte candidat à l’adhésion à l’Union européenne, à l’OTAN et sollicite la solidarité internationale. Ces faits, corroborés par des dizaines de témoignages et dénoncés par des organisations officielles comme l’Union africaine, ont été saisis au vol par l’autre partie qui avait expliqué son invasion de l’Ukraine par son désir de « dénazifier » le pays.

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Ces comportements seraient mis sur le compte d’éléments zélés et réellement racistes dans les rangs des forces ukrainiennes si, en Occident, on n’a pas entendu une kyrielle de propos inacceptables qui trahissent la vision du monde de certaines franges du « monde civilisé » et qu’on peut ainsi résumer : la souffrance devient encore plus insoutenable lorsqu’elle frappe les « blancs ».

« Il ne s’agit manifestement pas de réfugiés essayant de fuir des régions du Moyen-Orient qui sont encore en état de guerre. Ce ne sont pas des gens qui essaient de s’éloigner des régions d’Afrique du Nord. Ils ressemblent à n’importe quelle famille européenne qui vivrait à côté de chez vous. » Ces propos tenus sur Al Jazeera English par le présentateur Peter Dobbie ont fait le tour du monde. Malheureusement, ils ne sont pas isolés.

“Ils sont blancs”, “ils nous ressemblent”…

« Ils nous ressemblent tellement. C’est ce qui rend la situation si choquante (…) L’Ukraine est un pays européen. Sa population regarde Netflix et a des comptes Instagram, vote lors d’élections libres et lit des journaux non censurés. La guerre n’est plus quelque chose qui affecte des populations appauvries et lointaines. Cela peut arriver à n’importe qui », écrit pour sa part un journaliste anglais dans The Telegraph, définissant ainsi les seuls critères valables pour susciter la compassion du monde.

Le critère de la couleur de la peau a même été clairement cité par une journaliste de NBC News : « Ce ne sont pas des réfugiés de Syrie, ce sont des réfugiés d’Ukraine… Ils sont chrétiens, ils sont blancs, ils nous ressemblent beaucoup. »

La proximité, longtemps mise en avant pour expliquer l’indignation sélective de la presse occidentale selon qu’un attentat terroriste par exemple est perpétré au Moyen-Orient ou en Europe, ne tient plus. On parle bien de blancs qui doivent, en tant que tels, susciter compassion, solidarité et soutien de ceux qui leur ressemblent.

Dans cette guerre d’Ukraine, l’indignation sélective se manifeste aussi par la levée de boucliers sans précédent suscitée même dans des sphères qui se sont toujours montrées intransigeantes sur l’impératif de rester loin de la politique.

C’est le cas du football avec l’exclusion de la Russie de la prochaine coupe du monde avec une inhabituelle célérité. La décision de la FIFA serait mise dans la case de la nécessaire solidarité avec un pays envahi par un voisin qui joue des biceps si la même instance, non seulement elle a refusé par le passé de se solidariser avec d’autres peuples ayant subi des agressions, mais il lui est arrivé de sanctionner des footballeurs qui ont osé le faire par un simple message floqué sur le maillot.

Le Malien Kanouté et l’Egyptien Abou Trika en savent quelque chose pour avoir exprimé leur soutien aux Palestiniens, dont des enfants, morts sous les bombes de l’aviation israélienne. Il est vrai que les habitants de Gaza ne remplissent pas les critères répétés depuis quelques jours. En un mot comme en mille, ils ne ressemblent pas aux « blancs » d’Ukraine.

Outre le football, la guerre en Ukraine révèle aussi les contradictions occidentales dans le traitement des conflits et des crises qui se déroulent un peu partout dans le monde, particulièrement quand il s’agit du monde musulman. C’est le cas en 2006 quand Israël avait attaqué le Liban, sans que cela n’ait suscité l’indignation ou les condamnations de la communauté internationale, comme c’est le cas aujourd’hui avec la guerre en Ukraine.

Pourtant, le président russe Vladimir Poutine a invoqué presque les mêmes motifs qu’Israël mettant en avant à chaque fois qu’il attaque ses voisins syrien ou libanais : la sécurité de son pays.

Censure des médias

Les Etats-Unis aussi ont envahi l’Irak en 2003 sous le faux prétexte que le régime du dictateur Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, qui n’ont jamais existé. « N’oublions pas les souffrances, le martyr, la souffrance qu’a connus le peuple irakien ; le martyr, la souffrance qu’a connus le peuple libyen ; n’oublions pas les souffrances que nous avons infligées par des interventions militaires sans issues !”, a rappelé l’ancien ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin lors d’un débat avec le philosophe Bernard-Henri Levy.

Enfin, la décision de l’Union européenne de censurer les médias gouvernementaux russes, comme Russia Today (RT) ou Sputnik, ne fait pas l’unanimité. Pour justifier cette décision, Bruxelles a dénoncé une “désinformation toxique et nuisible” de la part de ces médias pro-Kremlin.

En France, le syndicat national des journalistes a exprimé son opposition à cette mesure, inédite en temps de paix au sein de l’Union européenne. « S’en prendre à des journalistes, les expulser, interdire les chaînes ou les journaux dans lesquels ils travaillent constitue, quelles que soient les intentions affichées, un acte de censure qui réduit le pluralisme de l’information. Ce n’est jamais la bonne réponse », a écrit le SNJ dans un communiqué.

La décision de l’Union européenne de censurer les médias publics russes survient alors que même les Occidentaux critiquent la Russie qui a suspendu des médias anti-guerre.

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