Le président de la JS Kabylie, Chérif Mellal, est, en termes d’instabilité de la barre technique, bien sur les traces de Moh Chérif Hannachi, récemment décédé. En 33 mois seulement à la tête du club, Mellal a nommé sept entraîneurs pour l’équipe première, soit un coach tous les quatre mois.
Ce samedi 28 novembre, au lendemain du match nul concédé face au CA Bordj Bou Arréridj, le technicien tunisien Aymen Zelfani, en poste depuis janvier dernier, a été limogé et remplacé au pied levé par l’Algérien Youcef Bouzidi.
Ce n’est qu’un retour pour celui-ci qui a déjà drivé la JSK au tout début de l’ère Mellal, précisément entre février et mai 2018. Avant même d’être officiellement désigné président, Chérif Mellal avait jeté son dévolu sur l’expérimenté Noureddine Saâdi. C’était en janvier 2018. Mais les résultats n’étaient pas du côté de Saâdi et le spectre de la relégation se faisant menaçant au fil des journées, le nouveau président a dû le sacrifier.
Il fait appel à Youcef Bouzidi, connu pour être un « spécialiste du maintien ». Il réussira la mission de garder la JSK dans le giron de l’élite et s’offrira même un petit luxe, celui de disputer la finale de la Coupe d’Algérie, perdue contre l’USM Bel-Abbès.
L’on ne sait trop pourquoi, Bouzidi part à l’intersaison et on fait appel au Français Fanck Dumas qui, à peine contacté, s’empresse de résilier son contrat avec la Guinée équatoriale dont il était le sélectionneur.
Au bout d’une année d’exercice, Dumas mettra tout le monde d’accord en faisant d’un groupe de jeunes joueurs, une équipe conquérante qui se battra pour le titre de champion jusqu’aux ultimes secondes de la saison.
La JSK avait raté la première place dans des conditions discutables, après une victoire inattendue de l’USM Alger sur le terrain du CS Constantine. La métamorphose était frappante : les saisons précédentes, à pareille période, l’équipe courait encore derrière les derniers points nécessaires pour son maintien.
La popularité de Mellal était alors à son apogée. Mais il ne tardera pas à commettre sa première grosse erreur. À peine la saison terminée, la JSK annonce le départ de son entraîneur. Aujourd’hui encore, les supporters reprochent au président de n’avoir pas fait assez pour retenir le technicien français.
Un ratio de deux entraîneurs par saison
Celui qui le remplace, en juillet 2019, n’est pas un inconnu au bataillon. Le Français Hubert Velud avait gagné plusieurs fois le championnat d’Algérie, avec l’Entente de Sétif puis avec l’USMA. Avec la JSK, il fera un bon parcours en Ligue des champions africaine, dont il atteint la phase des poules, mais ne terminera pas la saison. Il sera limogé dès janvier 2020 pour laisser place à Aymen Zelfani. Ce sera la seconde grosse bourde de Chérif Mellal.
Ce n’est qu’après avoir signé un contrat en béton qu’il s’est avéré que le Tunisien n’avait pas les diplômes nécessaires pour entraîner en Ligue 1 algérienne.
Sa non-qualification par les instances footballistiques se répercutera sur le rendement de l’équipe qui, tout de même, parviendra à finir dans le peloton de tête et Zelfani gardera son poste jusqu’à ce 28 novembre. La valse des entraîneurs dans le championnat algérien n’est certes pas propre à la seule JSK, mais il est triste d’en arriver là pour un club qui, jadis, a fait de la stabilité de sa barre technique une arme redoutable.
En tout et pour tout, Chérif Mellal a consommé six entraîneurs, sept avec les deux passages de Bouzidi. Il fait déjà « mieux » que Moh Chérif Hannachi qui en a consommé, lui, une cinquantaine, mais en 24 ans à la tête du club. Mellal dépasse déjà le ratio de deux coaches par saison pour des résultats bien plus maigres que ceux réalisés par Hannachi. Celui-ci a gagné neuf titres, dont quatre africains, et Mellal n’a toujours pas ouvert son compteur. Et les supporters qui lui vouent pourtant un grand respect, commencent à s’impatienter.
L’heure est grave car si l’équipe ne gagne rien cette saison, elle bouclera sa dixième année sans le moindre titre. Sa dernière consécration remonte à 2011, en Coupe d’Algérie. Du jamais vu dans l’histoire du club depuis qu’il a accédé parmi l’élite il y a un demi-siècle. Pour la comparaison, il est arrivé à la JSK de remporter en moyenne un titre majeur par saison.
C’était pendant la période faste du duo Khalef – Ziwotko (1977-1990), sous la présidence de Boussad Benkaci. Les spécialistes soulignent que la coïncidence de cette réussite avec une période de stabilité tant à la barre technique qu’au niveau de l’effectif et du staff dirigeant n’était pas due au hasard.
Prise en charge comme tous les autres clubs par une entreprise nationale, la JSK n’avait rien de plus que ses concurrents que sa stabilité. Ce que ses dirigeants actuels ne semblent pas avoir compris…