Un tribunal américain a adressé une convocation au prince héritier de l’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salmane, dans le cadre d’un procès intenté par un ex-responsable des renseignements saoudien qui allègue avoir été la cible d’une tentative d’assassinat déjouée, rapporte ce lundi le média qatari Al Jazzera.
La convocation a été émise ce vendredi par la Cour de district de Washington DC, au lendemain du dépôt d’une action en justice par Saad al-Jabri. Ce dernier accuse le prince héritier saoudien d’avoir envoyé un escadron avec pour objectif de l’assassiner. L’ex-responsable du service de renseignements saoudien vit au Canada et bénéficierait d’une protection renforcée de la police et d’agents de sécurité privés.
M. al-Jabri a affirmé que ses liens étroits avec les services de renseignements américains et sa connaissance approfondie des activités de Mohamed Ben Salmane ont fait de lui l’une des principales cibles du prince héritier.
Outre Mohamed Ben Salmane, douze autres personnes ont été convoquées par la justice américaine dans le cadre du procès. « Si vous ne répondez pas à cette convocation, un jugement par défaut sera rendu contre vous pour les dommages demandés dans la plainte », fait savoir la Cour de district des États-Unis.
La plainte affirme que le prince héritier a ordonné la détention de deux des enfants d’al-Jabri, qui ont disparu de leur domicile dans la capitale Riyad à la mi-mars. La plainte affirme également que d’autres proches ont également été arrêtés et torturés avec pour objectif d’« appâter le Dr Saad à revenir en Arabie Saoudite pour être tué ».
En réaction à cette convocation, des observateurs anticipent que Mohamed Ben Salmane fasse campagne auprès du gouvernement américain afin de bénéficier de l’immunité.
« MBS va maintenant exercer une pression vigoureuse sur le président Donald Trump et le secrétaire d’État Mike Pompeo afin qu’ils émettent ce qu’on appelle une lettre d’immunité aux suggestions », a indiqué Bruce Fein, ancien sous-procureur général adjoint américain, cité par la même source.
« C’est un domaine de droit plutôt étrange dans lequel on demande à la Cour de classer l’affaire car elle interférera avec les relations étrangères des États-Unis et les relations avec un chef d’État ou des hauts fonctionnaires », explique M. Fein.
« Cela signifie que les [élections américaines] de novembre seront cruciales pour l’Arabie saoudite. Je peux vous garantir dès maintenant que l’Arabie saoudite et le prince héritier discutent avec Pompeo et Trump pour leur demander de le sortir de cette situation », estime l’ancien sous-procureur.
L’annonce du procès intenté par l’ex-responsable saoudien contre le prince héritier a été commentée par le comité éditorial du Washington Post, ancien employeur du défunt journaliste Jamal Khashoggi, assassiné en octobre 2018 au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul sur ordre du prince héritier Mohamed Ben Salmane.
« Les nouvelles allégations, si elles sont prouvées, renforcent la conclusion que le royaume est dirigé par un prince héritier qui commande des escadrons de la mort et continue d’échapper à la responsabilité pour meurtre », dénonce le Washington Post.