Le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, a supervisé, cette semaine l’exécution d’un exercice de tirs avec missiles, depuis deux sous-marins contre des cibles terrestres. Une démonstration de force ayant eu un écho international, suscitant l’intérêt en Espagne et l’hostilité au Maroc, l’Algérie devenant « le seul pays dans la Méditerranée, aux côtés d’Israël », à disposer d’une telle technologie.

L’exercice a concerné les deux sous-marins « Hoggar » et « Ouarsenis » relevant des Forces Navales, a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué, précisant que cet exercice avait pour but de « s’assurer du degré d’efficacité opérationnelle de ces deux sous-marins ».

« Ainsi, le tir a été effectué avec succès en détruisant les cibles terrestres avec une grande précision, ce qui constitue une nouvelle réussite et l’un des fruits de la bonne maîtrise des équipages, des différents équipements et armes, et confirme, également, le progrès et la disponibilité opérationnelle atteints par les unités des Forces Navales algériennes ces dernières années », a affirmé le ministère de la Défense.

« Dans le domaine naval, ils sont rares les pays qui ont cette capacité d’atteindre des cibles terrestres à partir de sous-marins, et cela donne une idée sur les capacités dissuasives et les aptitudes de riposte extraordinaires de l’Algérie », explique à TSA Mokhtar Mediouni, officier supérieur de l’ANP. « On est entré dans ce qu’on appelle les guerres modernes avec zéro perte », a-t-il affirmé en outre.

Si elle n’avait pas fait grand bruit sur la scène nationale compte tenu de la situation politique dans laquelle se trouve l’Algérie, la démonstration militaire effectuée par les Forces navales a cependant eu un retentissement non-négligeable à l’international.

« La Marine algérienne a effectué un bond qualitatif dans sa force de dissuasion en se positionnant comme le seul pays dans la Méditerranée, aux côtés d’Israël, avec la capacité de lancer des attaques au sol par missile depuis des sous-marins », estime ce jeudi le journal espagnol ABC.

« Même la France ne dispose pas pour l’instant de cette capacité de lancer des missiles tactiques depuis ses sous-marins », affirme le journal, ajoutant également que « le Maroc voisin, avec lequel les différends sont historiques, n’a pas de sous-marins dans sa flotte bien qu’il ait manifesté le désir de l’acquérir ».

« Le bond qualitatif de l’Algérie est évident car dans le monde, outre Israël dans la Méditerranée, seuls les États-Unis, la Russie, la Chine, la Corée du Nord et le Royaume-Uni disposent de cette capacité de lancer des missiles depuis un sous-marin pour détruire des cibles au sol », indique ABC, rappelant qu’à « chaque fois que la Corée du Nord effectue l’un de ces tests, elle soulève des réactions conséquentes de la part des pays voisins ».

« C’est un message de l’armée algérienne, qui est en train de dire : nous sommes là et nous disposons de cette capacité », analyse le journaliste Esteban Villarejo, auteur de l’article et spécialisé dans les questions de défense, dans un entretien accordé à TSA.

« De nos jours, il est évidemment très difficile dans cette ère moderne de voir un pays lancer ce genre de missiles contre d’autres pays. On ne l’a vu récemment qu’en Syrie il y a deux ans, dans le cadre de l’opération anti-Daech. Mais ça reste une étape importante pour les forces armées algériennes en termes de technologies et de capacités. Il est désormais indéniable que l’Algérie a des sous-marins très modernes », explique le journaliste.

« Plusieurs sources en Espagne étaient très surprises. Non pas par les capacités de l’Algérie puisqu’il était connu que l’Algérie disposait d’une telle technologie, mais plutôt par le fait que le ministère de la Défense voulait que le monde sache que l’Algérie dispose de telles capacités », a indiqué Esteban Villarejo.

« Dans cette nouvelle ère de guerre froide entre les États-Unis et la Russie, c’est également à travers l’Algérie un message de la Russie à destination d’autres pays », a affirmé le journaliste espagnol.

« La Russie voulait peut-être que l’Algérie montre au monde que les sous-marins russes sont très bons, qu’ils ont également l’avantage d’être moins chers, avec ce genre de calibres de missiles, et que cette technologie peut être implémentée », a analysé M. Villarejo.