On avait parié sur son essoufflement pour le mois de ramadhan puis, de guerre lasse, pour la période des vacances, mais visiblement rien n’y fit : pour le 26e vendredi de rang depuis le début de la contestation populaire, les Algériens ont été de nouveau au rendez-vous pour réclamer le changement radical du système.
Malgré une forte présence policière, particulièrement à Alger et le maintien du dispositif sécuritaire aux voix d’accès à la capitale, les manifestants ont tenu à assurer « la permanence » du mouvement, pour reprendre une expression consacrée.
Ni la chaleur, ni les contraintes liées aux préparatifs à la rentrée sociale pour les uns, et les vacances pour les autres, encore moins les fêtes en pareille période n’ont dissuadé les Algériens de réitérer leur détermination à poursuivre la contestation jusqu’à l’aboutissement des revendications, notamment le changement de système.
« Ou c’est vous, ou c’est nous, on ne s’arrêtera pas ». « Pas de dialogue avec la bande » ou encore « pas d’élections avec la bande » et « pour un état civil et non militaire » sont autant de slogans réitérés de nouveau par les manifestants qui ne semblent pas gagnés par l’usure en dépit du léger reflux de la mobilisation, somme toute prévisible en pareilles circonstances.
Reste que la manifestation n’a pas concerné seulement Alger puisqu’on a marché pour les mêmes slogans et les mêmes revendications à Oran, Constantine, Tizi-Ouzou, Tiaret, Bouira, Bordj Bou Arreridj, Chlef, M’sila, Mostaganem, Bejaïa, Annaba, Blida… Un indice assez révélateur de la détermination des manifestants à poursuivre la contestation.
Pis encore : au-delà de la constance dans la mobilisation dont on peut prédire aujourd’hui qu’elle sera encore plus importante dans les prochaines semaines avec le retour notamment des étudiants et autres lycéens et fonctionnaires ainsi que les syndicalistes, mais elle traduit le rejet de la population de toutes les initiatives et autres manœuvres du pouvoir.
Le panel qui continue, malgré les critiques, de poursuivre la mission ou encore les arrestations de certains responsables dans le cadre de la lutte contre la corruption ne semblent pas avoir eu l’effet escompté, pour l’heure, sur la mobilisation des Algériens lesquels continuent à voir dans le maintien de nombreux symboles du régime et certaines pratiques la volonté de pérennisation du système.
À la veille d’une rentrée sociale qui s’annonce problématique autant sur le plan politique qu’économique, le pouvoir va-t-il enfin concéder à écouter la « rue » ?
Difficile de parier lorsqu’on voit que des rencontres de la société civile et des étudiants n’ont pas eu le quitus de l’administration alors qu’aucun geste d’apaisement n’a été décidé, comme en témoigne le maintien en détention des détenus d’opinion ou encore le blocage des sites d’informations et les pressions sur les médias d’une façon générale, pour ne citer que ces deux exemples.