Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-Eddine Hafiz a réagi mardi au discours prononcé par le premier ministre français Gabriel Attal au dîner du Crif à Paris, en appelant le gouvernement à condamner les actes antimusulmans en France.
Le traditionnel dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a eu lieu lundi soir au Carrousel du Louvre à Paris en présence du premier ministre Gabriel Attal, de membres du gouvernement, d’anciens ministres et de nombreuses autres personnalités.
Durant cette soirée, Gabriel Attal a prononcé un discours qui a suscité de nombreuses réactions en France. Il a dénoncé les actes antisémites commis en France depuis le déclenchement de la guerre à Gaza le 7 octobre dernier. Le premier ministre français a critiqué les donneurs de « leçons de morale » à Israël en raison du bilan sanglant de ses bombardements sur Gaza.
Dîner du Crif : Gabriel Attal créé la polémique
« Quand on entend les témoignages » sur les attaques du Hamas du 7 octobre dernier, « on a du mal à entendre les leçons de morale de certains bien au chaud qui expliquent à la société israélienne qu’ils surréagissent », a dit Gabriel Attal. Dans sa ligne de mire, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui dénonce régulièrement un génocide à Gaza.
Les propos de Gabriel Attal ont créé une vive polémique en France qui est divisée sur la guerre à Gaza, entre les soutiens du gouvernement israélien, ceux qui appellent au retour à la politique arabe du général De Gaulle et les autres qui accusent Israël de commettre un génocide à Gaza.
La Mosquée de Paris veut une condamnation « sans équivoque » des actes antimusulmans en France
Dans sa réaction, le recteur de la Grande mosquée de Paris a salué la déclaration de Gabriel Attal sur les « tensions intercommunautaires » et la « nécessité de ne pas laisser le cynisme politique diviser notre société. »
Chems-Eddine Hafiz réclame un traitement similaire pour les musulmans de France. La Grande mosquée de Paris, écrit le recteur de la Grande mosquée de Paris, dans un communiqué publié mardi soir, « tient à souligner » que l’appel de Gabriel Attal à la « vigilance » et sa « condamnation doivent s’appliquer de manière équitable à toutes les communautés. »
En clair, la Mosquée de Paris veut un traitement équitable entre les juifs et les musulmans en France, ce qui signifie une condamnation similaire des actes antimusulmans et des actes antisémites.
La plus importante institution religieuse musulman de France appelle Gabriel Attal et son gouvernement à « montrer l’exemple » en « condamnant explicitement » et « sans équivoque toute forme de discrimination et de stigmatisation à l’encontre des musulmans français. »
Dans la foulée, la Grande Mosquée de Paris dit constater avec « préoccupation » l’extension dans l’espace public du « faux et “antinomique” concept d’antisémitisme musulman, qui stigmatise injustement les musulmans français. »
Combien de musulmans et de juifs en France ?
Depuis le début de la guerre à Gaza, la Grande mosquée de Paris s’est inquiétée à plusieurs reprises de la hausse des actes antimusulmans en France. « Malheureusement, l’intolérance en général, et les actes et discours antimusulmans en particulier, ont augmenté ces derniers mois en France », a déclaré Chems-Eddine Hafiz dans un entretien à TSA publié le 22 avril dernier.
La France compte les deux plus fortes communautés musulmanes et de juifs d’Europe. Plus de six millions de musulmans et près de 500.000 juifs sont des citoyens français. Cette situation explique en partie les tiraillements qui caractérisent la classe politique et le gouvernement français sur la guerre à Gaza. Pendant que certains réclament une position plus neutre de la France, d’autres réclament un engagement plus fort de Paris pour soutenir Israël.