Attendu pour ce début d’année 2025, le nouveau montant de l’allocation touristique en Algérie suscite moult spéculations, ce qui prolonge l’incertitude dans laquelle est plongé le marché noir des devises en Algérie qui est reparti à la hausse en ce début d’année 2025.
D’après nos sources, jusqu’à ce dimanche, les banques n’ont pas reçu de nouvelles instructions concernant le montant de l’allocation touristique et c’est toujours l’ancien montant qui est appliqué ce dimanche 5 janvier.
Non pas que les pouvoirs publics aient fait machine arrière. Il faut souligner un détail important : lors de l’annonce de la mesure, le 8 décembre dernier, le conseil des ministres a indiqué que la nouvelle allocation touristique entrera en vigueur en janvier 2025, sans donner une date précise.
Nouvelle allocation touristique en Algérie : les banques n’ont rien reçu
Il semble que les modalités d’application de la mesure ne soient pas encore arrêtées. Multiplier le montant de l’allocation touristique d’un coup de 750% nécessite de calculer les retombées sur les réserves de devises de l’Etat, de prévoir la gestion de l’affluence sur les banques et l’alimentation de ces dernières en quantités suffisantes de devises et, surtout, de mettre en place des mécanismes pour éviter que la mesure ne serve pas à produire le contraire de l’effet escompté.
Destinée entre autres à réduire l’ampleur du marché informel, l’augmentation de l’allocation touristique risque en effet d’alimenter ce même marché noir si des garde-fous ne sont pas mis en place.
Une famille de quatre personnes, un couple avec deux enfants, peut obtenir légalement 2100 euros à raison de 750 euros par adulte et 300 euros par enfant mineur, comme annoncé dans le communiqué du conseil des ministres du 8 décembre.
La famille peut par exemple passer un jour ou deux en Tunisie moyennant une somme dérisoire et revendre le surplus de devises sur le marché parallèle. Le gain serait encore plus conséquent pour les habitants des zones frontalières avec ce pays.
Ni le gouvernement ni la Banque d’Algérie ne se sont prononcés sur les modalités d’application de la mesure et encore moins sur les dispositions à prendre pour éviter les abus. Les spéculations, en revanche vont bon train.
Des rumeurs annoncent d’ores et déjà que ceux qui voyagent en Tunisie ne seraient pas concernés par l’augmentation de l’allocation touristique. Ce qui équivaudrait à vider la mesure de son sens, étant donné que le gros des 5,5 millions d’Algériens qui voyagent chaque année à l’étranger se rendent dans le pays voisin. Pendant les six premiers mois de l’année 2024, la Tunisie a accueilli près de 2 millions de touristes algériens.
Allocation touristique : le cas des voyageurs qui partent en Tunisie
L’autre spéculation qui circule concernant ce point précis avance l’exigence d’un séjour de 7 jours minimum même en Tunisie, prouvé par une réservation d’hôtel. Rien, cependant, n’a filtré sur ce que comptent faire les pouvoirs publics.
Ce qui est certain à ce stade, c’est que le contrôle de la destination des sommes qui seront allouées sera d’une grande complexité et d’une extrême difficulté. Selon nos sources, c’est le cas des voyageurs qui partent en Tunisie qui bloque en partie la mise en place des conditions d’octroi.
La décision de revoir substantiellement à la hausse le montant de l’allocation touristique fait partie d’une série de mesures destinées à lutter contre le marché parallèle de la devise et revenir à un taux de change unique.
Parmi les autres mesures prises, le plafonnement de l’exportation des devises à l’équivalent de 7500 euros par année civile et non plus par voyage, ainsi que l’ouverture de bureaux de change agréés. L’augmentation de l’allocation touristique est censée assécher une partie de la demande sur le marché noir qui émane des touristes, étudiants, malades, etc.
Le comble pour les autorités algériennes c’est de voir la décision produire un effet cobra. C’est-à-dire déboucher sur l’effet contraire en servant de moyen d’alimenter le marché noir en devises sorties directement des réserves de l’État.
En attendant que le gouvernement se décide, les monnaies étrangères ont repris leur flambée au change parallèle. Voyant que rien n’est parvenu aux banques ce dimanche matin, les cambistes d’Alger ont sensiblement augmenté les cours. Vendu à 248,5 dinars samedi, l’euro est passé subitement ce dimanche 5 janvier à 257 dinars, gagnant 8,5 dinars en 24 heures et se rapprochant de son record historique de 262 dinars pour un euro, établi le 9 décembre dernier.