search-form-close
La pandémie du nouveau coronavirus monte en puissance en Afrique

La pandémie du nouveau coronavirus monte en puissance en Afrique

La pandémie du nouveau coronavirus continue de prendre de l’ampleur en Afrique, où 13 814 cas de contamination dont 747 morts ont été officiellement recensés sur le continent selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine, rapportent plusieurs médias dont Le Monde et RFI.

La pandémie touche 52 des 54 pays d’Afrique. « Ces quatre derniers jours, on a vu les chiffres doubler », a averti ce jeudi Michel Yao, chargé des situations d’urgence en Afrique à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Certains pays pourraient très bientôt connaître un pic important », a-t-il ajouté, sans préciser lesquels. « Le virus se répand au-delà des grandes villes. Ça veut dire qu’un nouveau front s’est ouvert », s’est inquiétée Matshidiso Moeti, la cheffe de l’OMS pour l’Afrique.

L’Algérie est le pays le plus touché du continent, avec « officiellement » 293 décès causés par le coronavirus Covid-19 sur 1914 cas de contamination. L’Afrique du Sud, qui dispose du système de santé le plus développé d’Afrique subsaharienne, revendique de son côté plus de 73 000 tests réalisés à ce jour, pour une population de 57 millions d’habitants.

« C’est beaucoup trop peu pour le type de défi auquel [notre pays] est confronté », a toutefois estimé son ministre de la santé, Zweli Mkhize, qui a prévu de monter la capacité quotidienne à 30 000. Pays de 190 millions d’habitants, le Nigeria n’a officiellement effectué que 5000 tests. Un chiffre dérisoire.

Pour tenter d’endiguer la pandémie, les pays africains ont comme ailleurs pris plusieurs mesures visant à confiner la population, avec des risques d’abus sur les droits humains signalés par des observateurs dans plusieurs pays où la démocratie était déjà absente, rapporte Le Monde.

« Le problème de fond caractérisant beaucoup de pays africains réside dans le déséquilibre des institutions démocratiques au profit du pouvoir exécutif, sans contre-pouvoirs forts. Or en temps de crise, présidents et gouvernements renforcent leurs moyens d’action au nom de l’efficacité. Et il est souvent difficile, la crise passée, de revenir en arrière », explique Adebayo Olukoshi, chercheur nigérian basé à Addis-Abeba pour le compte de l’Institut pour la démocratie et l’assistance électorale (International IDEA).

« On a constaté un usage excessif de la force par la police ou l’armée dans un certain nombre de pays, notamment en Afrique du Sud, au Sénégal, en République démocratique du Congo [RDC] et au Nigeria », indique M. Olukoshi, précisant que « plusieurs personnes ont été tuées, d’autres sévèrement battues lors de leur arrestation pour trouble à l’ordre public ».

« Le déploiement de forces de sécurité est encore plus sensible lorsque, avant la pandémie, l’environnement social et politique était déjà tendu. Quand le contrat social est rompu, une grande partie des citoyens n’ont plus confiance dans leur gouvernement ni leur police, ce qui exacerbe les comportements des uns et des autres », explique Carine Kaneza Nantulya, responsable du plaidoyer pour l’Afrique au sein de l’ONG Human Rights Watch (HRW).

Cinq anciens ministres africains de la Santé ont appelé dans un document à une réponse mondiale à la pandémie du Coronavirus, rapporte Le360. Le document a été signé par Abdou Fall (Sénégal), Diyé Ba (Mauritanie), Samira Merai-Friaa (Tunisie), Dorothée Kindé-Gazard (Bénin) ainsi que Nora Berra, ex-secrétaire d’Etat française chargée de la Santé, d’origine algérienne.

Ces personnalités ont appelé à « surmonter les égoïsmes nationaux en privilégiant des réponses mondiales formelles à la hauteur des enjeux sanitaires et éthiques », estimant que « l’absence de réponse sanitaire, sociale et économique risquerait de plonger le continent africain dans une crise politique profonde dont on ne mesure pas encore les effets ».

L’appel appuie par ailleurs la demande du président sénégalais Macky Sall, visant à annuler la dette des pays africains pour accompagner la résilience du continent.

  • Les derniers articles

close