C’est la pleine saison de la figue de Barbarie. Sa chair jaune orangée donne l’eau à la bouche. Ce fruit, à la chair juteuse et charnue affiche bonne mine sur les charrettes des marchands ambulants de la capitale.
Pendant que son amie la pastèque se morfond sur les étals, victime de toutes les calomnies à son sujet, suite à l’épidémie de choléra, la figue de Barbarie tire, quant à elle, son épingle du jeu.
Pas le temps de se languir. Aux alentours des marchés T’nache, Ali Mellah et Réda Houhou, les consommateurs se pressent pour la déguster sur place. D’autres l’emportent dans leur panier pour la savourer à la maison, après un petit passage au réfrigérateur.
Attention aux épines !
Takermoust, El Hendi, Kermous N’sara…chacun a son vocable pour designer ce fruit qui pousse à l’état sauvage dans le pourtour méditerranéen.
Dix dinars l’unité. Les vendeurs ambulants n’ont pas le temps de prendre racine, « El Hendi, welmouss men 3andi », s’époumonent-ils. Mains protégées par des gants de chirurgie, ils débarrassent les ‘Kermousse’ de leurs peaux hérissées d’épines. Un geste qu’ils réitèrent des centaines de fois par jour.
Leurs étals de fruits fondent comme neige au soleil. Rencontré près du marché T’nache de Belcourt, Mahmoud (51 ans) pèle ses figues épineuses avant de les glisser par dizaines, dans des petits sacs transparents. « Les Algérois adorent ‘El Kermousse’, nous lance-t-il. C’est un fruit exotique qui contient plein de vitamines. Il régule la digestion et combat les problèmes de constipation. Les fruits que je vends proviennent de la région de Ain Defla. Je paye autour de 1400 da le cageot et j’en tire plus du triple en bénéfice ».
Avec dextérité, Mahmoud plonge la figue de Barbarie dans un bol d’eau. Il plante son couteau dans le fruit de couleur orangée, opère une incision de haut en bas, enlève la peau, avant de tendre le fruit à un client. Ce dernier le savoure sur place. À peine englouti, le consommateur pointe avec gourmandise l’index vers un deuxième fruit. Mahmoud le saisit, le pèle avec son couteau en une fraction de seconde et le présente au monsieur qui n’en fait qu’une bouchée. Après avoir dézingué une demi-douzaine de figues de Barbarie, le quidam paye et tourne les talons visiblement ravi de cette petite collation rafraîchissante à même le trottoir.
À quelques mètres de Mahmoud se dresse une autre charrette. Elle est tenue par Smail. « J’ai 16 ans et je profite des vacances scolaires pour gagner un peu d’argent », confie l’adolescent.
Muni de gants protecteurs, Smail pèle les fruits qu’il place délicatement dans des sacs de congélation. Une dame s’approche. « J’en voudrais vingt mais ne les épluchez pas. Je le ferai une fois rentrée chez moi. J’ai peur d’être contaminée par le choléra », ajoute-t-elle en jetant un regard inquiet à la bouteille l’eau utilisé par Smail pour rincer son couteau de cuisine.
Des bienfaits pour la santé
La figue de Barbarie est très appréciée par les Algériens. Tous connaissent ses valeurs nutritives. En dépit de son prix jugé excessif (10 da la pièce), ils succombent à ce péché de gourmandise sans trop culpabiliser.
D’une saveur douce et sucrée, la figue de Barbarie est gorgée d’eau. Sa chair juteuse désaltère par temps caniculaire. Elle apporte des fibres en grandes quantités. Par ailleurs, elle régule le transit intestinal et aide à lutter contre la constipation.
Ce fruit charnu est un puissant antioxydant (vitamines C et A). Ses valeurs nutritionnelles sont intéressantes : pour 100 grs : 6 grs de glucides ; 0,31 grs de lipides ; 0,51 grs de protéines ; 4, 45 grs de fibres ; 12, 5 mg de vitamines C ; 60 mg de vitamine A ; 87, 3 g d’eau…
La figue de Barbarie se consomme fraîche. Elle se conserve entre 2 à 3 jours dans le bac à légumes du réfrigérateur.