Le chef d’Etat-major russe a annoncé jeudi une prochaine réduction de la présence militaire russe en Syrie, soulignant cependant que des unités resteront sur place, notamment sur les bases de Tartous et de Hmeimim.
Voici l’inventaire du dispositif militaire russe en Syrie :
– Combien de militaires ?
De 4.000 à 5.000 militaires russes sont déployés en Syrie, la grande majorité sur la base aérienne de Hmeimim, le fief de Bachar al-Assad dans le nord-ouest de la Syrie. Parmi ceux-ci, entre 2.000 et 3.000 sont des “conseillers” militaires, qui ont aidé sur le terrain l’armée syrienne et joué un grand rôle dans ses derniers succès.
A cela, il faut ajouter la police militaire, constituée en majeure partie de bataillons tchétchènes déployés dans les localités reprises aux rebelles, comme à Alep. L’expert militaire Pavel Felghenauer estime que “jusqu’à un millier de membres des forces spéciales” combattent aussi aux côtés des troupes du régime.
Officiellement, une quarantaine de militaires russes ont péri en Syrie depuis le début de l’intervention, le 30 septembre 2015. Mais les pertes parmi les mercenaires russes, dont la présence n’a pas été reconnue par le Kremlin et n’est évoquée que par la presse indépendante, seraient bien plus élevées.
– Avions de chasse et bombardiers –
L’aviation est le bras armé de l’intervention militaire russe et fait la fierté de la Russie, qui a célébré ses pilotes “héros” de la campagne de Syrie. Leur nombre n’est pas public mais Pavel Felghenauer estime à “quelques dizaines” le nombre des avions aujourd’hui déployés sur la base de Hmeimim.
Leur fréquence de rotation est élevée. On trouve des bombardiers Su-24 ou Su-34, des avions multirôle Su-30 et même des chasseurs Su-35, derniers nés du complexe militaro-industriel russe. A côté de ceux-ci sont aussi déployés quelques dizaines d’hélicoptères de combat, au rôle grandissant au cours du conflit.
La Russie a également fait décoller des bombardiers stratégiques Tu-22 et Tu-160 de Russie pour procéder à des frappes au-dessus de la Syrie, ou utilisé des missiles de croisière d’une portée de 4.500 km : une plus-value militaire minime mais un beau symbole pour une armée russe désireuse d’afficher sa puissance.
– Navires et batteries antiaériennes –
Pour assurer la défense de sa base de Hmeimim, la Russie a installé en novembre 2015 ses très modernes batteries de défense antiaérienne S-400, qu’elle considère comme son fleuron et cherche à vendre tous azimuts. L’armée a également déployé des moyens mobiles de défense antiaérienne (Pantsir et Tor M1).
A Tartous, où l’armée russe dispose d’installations portuaires depuis plusieurs décennies, des batteries de défense antiaérienne S-300 ont aussi été mises en place. Tout ceci en dépit du fait que ni les rebelles, ni les jihadistes n’ont d’aviation, mais ce qui permet au besoin d’imposer une “zone d’exclusion aérienne” au-dessus de la Syrie.
Quant aux navires, ils se sont succédé en Méditerranée et ont procédé à plusieurs séries de frappes très médiatisées. L’unique porte-avions de la Marine russe, l’Amiral Kouznetsov, et le navire-amiral de la flotte, le croiseur Moskva, ont aussi effectué des missions au large de la Syrie.
Par ailleurs, des sous-marins ont été utilisés à au moins quatre reprises pour frapper des “cibles terroristes”.
– Et maintenant ? –
Le retrait prévu sera “important”, a assuré jeudi le général Valéri Guerassimov, le chef d’Etat-major des armées. Vladimir Poutine avait déjà dit la même chose, la première fois en mars 2016.
Pavel Felghenauer n’en croit rien : “Il y a une rotation permanente mais le contingent ne se réduit pas. Ces deux dernières années, on a entendu beaucoup d’annonces sur un retrait mais le résultat, c’est que le contingent a augmenté. Les bases vont rester, la Russie ne quittera pas la Syrie, ils (les militaires) ne se sont pas battus pour ça. Ils se sont battus pour rester”.
La base militaire de Hmeimim, aménagée à la hâte en marge d’un aéroport civil à l’été 2015 pour accueillir les avions russes, est d’ailleurs devenue une base permanente de l’armée russe en janvier 2017, après un accord entre Damas et Moscou, passant sous juridiction russe.
Même chose à Tartous : ce qui était jusque-là une installation portuaire destinée à la marine russe est devenu “une base navale russe permanente”.