La purge sans précédent menée en Arabie saoudite au nom de la lutte anticorruption commence à susciter des “inquiétudes” à Washington, quelques jours après que le président Donald Trump a exprimé son soutien sans réserve à cette opération coup de poing de l’allié saoudien.
Plus de 200 personnes ont été arrêtées le 4 novembre dans le cadre d’une purge qui a notamment visé des princes, ministres et hommes d’affaires.
Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a estimé vendredi que cette purge soulevait “quelques inquiétudes”.
“J’ai parlé au ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir pour avoir des clarifications, et je pense, sur la base de cette conversation, que l’intention est bonne”, a déclaré M. Tillerson dans l’avion qui le menait à Danang, au Vietnam.
“Personnellement, je pense que cela soulève quelques inquiétudes tant que l’on n’a pas plus de clarté sur ce qui va arriver à ces individus”, a-t-il cependant ajouté.
Lundi, le président Trump avait exprimé son soutien sans réserve à ces arrestations.
– ‘Ils saignent leur pays’ –
Le roi Salmane et le prince héritier “savent exactement ce qu’ils font”, avait-il tweeté. “Certains de ceux qu’ils traitent durement +saignent+ leur pays depuis des années!”, a-t-il justifié.
Ce soutien plus qu’appuyé du président américain aux dirigeants saoudiens notamment face à l’Iran, l’ennemi commun, inquiète observateurs et experts de la région qui le considèrent comme très risqué.
Depuis le week-end dernier, le ton est encore monté entre Téhéran et Ryad.
Au coeur des nouvelles tensions, le sort du Liban mais aussi du Yémen, en proie à un conflit meurtrier où les deux poids lourds du Moyen-Orient soutiennent des camps opposés.
Face au risque d’embrasement, le président français Emmanuel Macron a effectué jeudi soir une visite surprise en Arabie saoudite où il s’est entretenu avec le prince héritier.
– ‘La plus grande famine’ –
Dans un communiqué, l’Elysée a souligné que les deux hommes avaient “échangé longuement sur l’importance de préserver la stabilité de la région, lutter contre le terrorisme et surtout travailler à la paix”.
Emmanuel Macron a “rappelé l’importance que la France attache à la stabilité, la sécurité, la souveraineté et l’intégrité du Liban”, dont le Premier ministre Saad Hariri a annoncé sa démission le 4 novembre depuis Ryad, un an après avoir formé un gouvernement avec le Hezbollah pro-iranien.
Ryad a appelé cette semaine ses ressortissants à quitter le Liban, de même que le Koweït et Bahreïn.
Au sujet du Yémen, le président français “a souligné sa préoccupation sur la situation humanitaire et sa disponibilité à faciliter une sortie de crise politique”, a ajouté la présidence française.