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La réponse de Tebboune à Mohamed VI : pas sérieux, s’abstenir!

La réponse de Tebboune à Mohamed VI : pas sérieux, s’abstenir!

CONTRIBUTION*. Lors de sa dernière rencontre avec les représentants de la presse algérienne et en réponse à une question sur la prétendue « main tendue » du Roi du Maroc, le président Abdelmadjid Tebboune a affiché une sérénité et un sens de la mesure remarquables en rappelant de manière, à la fois concise et ferme, que les autorités marocaines n’ont toujours pas présenté les explications légitimement attendues à la suite de la dérive extrêmement grave de leur représentant à New York.

Avec une telle réponse, laconique et formulée sans ambages, il a relevé le peu de sérieux de la fausse « offre » du roi du Maroc qui feint de ne pas être conscient de la gravité de la crise que traversent les relations entre les deux pays.

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En effet, comment peut-on parler de « main tendue » et « d’invitation sincère » alors que l’Algérie a rappelé son ambassadeur pour consultations ( procédure diplomatique actionnée en cas de survenance de différend ou de crise graves) et a annoncé, solennellement, qu’elle se réserve le droit, éventuellement, de prendre d’autres mesures appropriées en attendant les clarifications nécessaires de la part des autorités marocaines.

Vers de nouvelles mesures ?

En l’absence de telles clarifications, le gouvernement algérien n’exclut pas de recourir à d’autres mesures graduelles prévues par la convention de Vienne sur les relations diplomatiques, selon une source officielle algérienne proche du dossier.

En fait, la réponse du président algérien aurait pu être autrement plus cinglante face à cette duplicité manifeste des dirigeants marocains mais en homme d’Etat, il a su montré que l’Algérie ne parie pas sur le pire et qu’en tant qu’Etat, crédible et responsable, notre pays ne fait que rappeler les fondamentaux concernant une question de décolonisation qui doit imperturbablement, suivre son cours au niveau des Nations-Unies, loin de l’agitation stérile et des campagnes médiatiques hystériques orchestrées par les relais enragés du Makhzen institutionnel.

En gage de bonne foi, le président algérien a rappelé, à cette occasion, que l’Algérie est disposée à aider les deux parties, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, à se rencontrer sur le sol algérien afin de trouver une solution mutuellement acceptable qui soit en conformité avec la légalité internationale.

Réouverture de la frontière : point d’orgue et non pas préalable

S’agissant de la question de la réouverture de la frontière qui a focalisé, de manière suspecte, la parole royale, les autorités marocaines devraient comprendre, une fois pour toutes, que celle-ci sera le couronnement d’un processus global d’assainissement des relations bilatérales, dans toutes ses dimensions et non pas un préalable offert gracieusement en prime à ceux qui portent l’entière responsabilité de la fermeture de la frontière commune et qui refusent, à ce jour, de formuler ne serait-ce que des excuses de circonstance.

Bien entendu, pour se convaincre de la mauvaise foi des autorités marocaines, il est loisible de constater que la trêve qui a suivi le discours du trône n’aura duré que 48 heures et que la campagne massive de dénigrement de l’Algérie a repris de plus belle, dans un parfait élan coordonné par le site 360.ma.

Un site algerophobe téléguidé par le propre secrétaire particulier du Roi, comme le soulignait le quotidien Le Monde. Ainsi la boucle, de la duplicité légendaire, est bouclée.

Cette campagne féroce de dénigrement est fortement relayée par les medias publics lourds et elle fait actuellement une fixation maladive sur le prétendu « échec de la diplomatie algérienne » concernant le statut d’observateur octroyé unilatéralement à Israël par le président de la Commission africaine.

Dans cette triste et injuste affaire qui mobilise de nombreux pays africains qui réclament, a juste titre, explication  lors du prochain conseil exécutif de l’organisation continentale, le Maroc officiel mené par le duo d’aventuriers Al Himma – Bourita semble oublier que le monarque marocain préside le Comité al Aqsa et  les représentants de sa majesté sont instruits de servir d’auxiliaires dociles et complaisants à l’entrisme israélien.

Il est important de relever que des pays arabes, comme l’Egypte et la Jordanie, qui ont pourtant normalisé leurs relations avec Israël, ont exprimé leur solidarité avec la démarche initiée par un groupe de pays africains et arabes pour exprimer leur objection à la décision du président de la commission africaine.

Jaloux d’un pays qui ne marchande pas son soutien aux causes justes, le Maroc est loin d’apprécier le fait que l’Algérie et certains de ses partenaires se mobilisent pour conjurer les risques sérieux de fracture au sein de l’organisation continentale et d’une érosion malvenue de la coopération et la solidarité entre les deux ensembles régionaux que constituent l’Union Africaine et la Ligue des Etats arabes et ce au moment où notre continent fait face à des menaces et enjeux existentiels ( pandémie, réchauffement climatique…)

Pour revenir au marché honteux entourant  la conclusion des accords d’Abraham, qui sacrifie la juste cause palestinienne pour mieux spolier les territoires du peuple sahraoui, les turpitudes de cette compromission ne s’estomperont pas derrière l’écran de la phraséologie et de la rhétorique pro palestinienne de circonstance.

Les masques sont tombés et l’appel téléphonique du président de l’Autorité palestinienne (au président algérien) qui a tenu a exprimé sa gratitude aux autorités algériennes pour leur engagement conséquent et inébranlable dans la défense des droits légitimes du peuple palestinien est aussi une piqure de rappel en direction d’un Maroc qui a choisi le camp honni de la «collaboration» et qui s’apprête à dérouler le tapis rouge au MAE israélien.

Pourquoi le Maroc s’est rangé derrière Israël

Il est vrai qu’en tuant de la sorte, le Comité Al Qods, et sa puissante charge symbolique, le Maroc et son monarque sont désormais disqualifiés pour évoquer la cause palestinienne comme ils le faisaient auparavant, de manière rituelle, mécanique et hypocrite dans certains fora internationaux, comme la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique.

Se rangeant totalement et sans état d’âme, derrière Israël afin d’obtenir que ce dernier pèse de tout son poids ( y compris à travers le puissant lobby juif américain) pour dissuader l’administration Biden de changer la position illégitime et unilatérale adoptée le 10 décembre dernier par le président sortant, Donald Trump, les autorités marocaines savent cependant que la position américaine a évolué substantiellement comme en témoignent les propos tenus récemment à Rabat, par le Secrétaire d’Etat adjoint aux affaires du proche orient, Joey Hood, qui a insisté, en particulier , sur deux aspects qui font exploser la fiction de la prétendue marocanité du Sahara Occidental.

Primo, les Etats-Unis insistent sur la nécessité de lancer un processus politique crédible sous l’égide des Nations-Unies pour parvenir à un accord  acceptable par les deux parties, et secundo, ils pèseront de tout leur poids pour obtenir la désignation d’un envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental.

Comme chacun le sait, ce processus est actuellement bloqué par le Maroc qui cherche à profiter, le plus longtemps possible, d’un statu quo devenu intenable aux yeux de la communauté internationale.

*Ancien diplomate algérien


*IMPORTANT : Les tribunes publiées sur TSA ont pour but de permettre aux lecteurs de participer au débat. Elles ne reflètent pas la position de la rédaction de notre média.

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