Politique

La répression et la défense de la souveraineté économique galvanisent le Hirak

Ni les barrages filtrants à la périphérie de la capitale, toujours en place, ni les arrestations à tour de bras opérées parmi les activistes et autres animateurs politiques, encore moins la répression et les menaces n’ont finalement dissuadé les Algériens de descendre en masse dans les rues ce vendredi pour clamer qu’il n’y aura pas « d’élections avec les symboles du régime».

Ce vendredi à Alger, la mobilisation a été de nouveau massive. Peut-être plus, peut-être moins que les vendredis précédents, mais qu’importe : ils étaient plusieurs milliers de personnes, parmi lesquelles beaucoup de femmes notamment, à investir les principales rues du centre de la capitale pour réitérer de nouveau leur détermination à « libérer l’Algérie » et ne « pas s’arrêter jusqu’au départ du système ».

Jeunes, personnes âgées, enfants, drapeaux ou pancartes à la main, ont bravé la peur pour crier leur colère et réclamer la libération des détenus et le départ de tous les symboles du régime.

« Tube » du jour : les manifestants ont longuement dénoncé la répression qui s’est abattue mardi dernier contre les étudiants. « Vous protégez la issaba, et vous tabassez les étudiants », criaient-ils à la face des éléments des services de sécurité dont le dispositif a été sensiblement allégé dans certaines ruelles, comme celle à proximité du lycée Arroudj où les jeunes ont investi les escaliers, transformés en tribune, pour déclamer des chants et autres slogans contre les élections, contre les dirigeants, mais également en hommage aux étudiants.

« Ce sont des étudiants, pas des terroristes », ont-il scandé. Il faut dire que la répression des étudiants mardi dernier semble avoir galvanisé le mouvement, de l’avis de nombreux observateurs sur place.

D’ailleurs beaucoup appellent à être présents en force lors de la marche de mardi prochain pour les soutenir. Ils ont aussi appelé à être présents en force dimanche devant l’Assemblée populaire nationale. L’appel n’a rien de fortuit : ils entendent protester contre la Loi de finances, mais surtout contre la loi sur les hydrocarbures assimilée à une volonté du gouvernement Bedoui de « brader le pays » et de « chercher une caution étrangère aux élections ».

De nombreuses pancartes y faisaient référence d’ailleurs. Certains candidats ont également eu droit à la dérision, comme cet animateur de télé, Slimane Bekhlili. « La bague de Salomon (khatem souleiman, du nom d’une émission qu’il animait) veut devenir président ! ».

Histoire d’éviter les arrestations, les manifestants ont cette fois-ci évité de se rassembler tôt le matin en nombre réduit, notamment à la place Audin particulièrement bouclée, attendant la fin de la prière pour pouvoir se fondre dans les flux humains qui venaient de tout part, notamment de Bab El Oued et de la place du 1er Mai.

Ce 34e vendredi assurément contraindra peut-être les autorités à se rendre compte que le mouvement populaire n’est pas le fait d’activistes qu’on tente de « neutraliser », mais qu’il s’agit d’une lame de fond qu’il convient de bien décrypter et auquel il faut impérativement apporter les réponses appropriées.

L’espoir et la volonté de changement que suscite le hirak est le principal carburant du mouvement populaire qui bouclera dans 11 jours son huitième mois.

Signe de cette détermination, de nombreuses marches ont également eu lieu dans de nombreuses wilayas comme à Constantine, Oran, Annaba, Tlemcen, Chlef, Bejaia, Sétif, Tizi Ouzou, Mila, Jijel, Bouira, Bordj Bou Arreridj, Mascara, Mostaganem, Tiaret, Sidi Bel Abbès, Chlef, Médea, Ain Defla ou encore à Biskra et avec toujours les mêmes revendications : rejet de la présidentielle, rejet du projet de loi sur les hydrocarbures et du projet de loi de finances 2020 et exigence de la libération des détenus du hirak et du départ de Bensalah et Bedoui.

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