Une affaire dans l’affaire. Alors que la boxeuse Imane Khelif faisait face en plein JO de Paris 2024 à une campagne mondiale de dénigrement l’accusant d’être une transgenre, une autre polémique a éclaté, cette fois avec la boxeuse marocaine Oumayma Belahbib, soupçonnée d’être parmi les instigateurs des attaques contre la championne algérienne.
Imane Khelif a remporté vendredi 9 août la médaille d’or de sa catégorie (-66 kg) aux JO de Paris 2024 et la campagne à son égard s’est quelque peu calmée.
Mais la polémique entre internautes algériens et marocains se poursuit sur les réseaux sociaux et risque de s’exacerber. C’est peut-être même un nouveau feuilleton qui commence maintenant que les deux boxeuses maghrébines ont décidé de saisir la justice française, toutes deux pour « cyberharcèlement ».
L’avocat d’Imane Khelif, Me Nabil Boudi, a annoncé samedi 10 août avoir déposé plainte pour « cyberharcèlement aggravé » auprès du pôle de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris.
L’avocat n’a pas identifié la partie ou les parties visées par la plainte, indiquant seulement que l’enquête déterminera qui a été « à l’initiative de cette campagne misogyne, raciste et sexiste » et s’intéressera aussi à tous ceux qui ont « alimenté ce lynchage numérique ».
La boxeuse marocaine s’est retrouvée mêlée à cette affaire après des accusations proférée à son égard sur les réseaux sociaux.
Oumayma Belhabib a été accusée parce qu’elle fait partie du comité des athlètes de l’association internationale de boxe amateure (IBA) qui est en fait à l’origine de cette polémique par sa décision de disqualifier Imane Khelif des championnats du monde 2023 pour un taux élevé de testostérone, alors qu’elle était qualifiée pour la finale.
L’IBA en revenue à la charge en réitérant sa position au cours d’une conférence de presse organisée lundi 5 août à Paris, spécialement pour parler du cas Imane Khelif.
JO 2024 : le point sur la polémique Imane Khelif – Oumayma Belahbib
Le fait que la boxeuse Oumayma Belahbib soit marocaine n’a rien arrangé, sachant les polémiques récurrentes qui opposent les internautes des deux pays depuis plusieurs années pour moins que ça.
Les deux pugilistes se sont rencontrées par le passé et le dernier mot sur le ring est revenu à l’Algérienne. Pour ces JO de Paris 2024, la Marocaine n’a pas pu obtenir son billet qualificatif.
En dehors de ces motifs qui pourraient expliquer d’éventuels agissements hostiles, rien de concret, comme une prise de position publique sur les réseaux sociaux ou les médias, ne permet d’accuser formellement Oumayma Belahbib d’être l’une des instigatrices de la campagne contre Imane Khelif. Ni celle-ci ni son entourage ne l’ont d’ailleurs pointée du doigt ne serait ce que par insinuation.
Mais la polémique a pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux notamment depuis que la pugiliste marocaine est sortie du silence pour démentir toute implication dans ce qui est devenu l’affaire Imane Khelif.
Mercredi 7 août, le journal français Le Parisien a révélé que la boxeuse marocaine, qui réside en France, a déposé plainte auprès de la justice française pour « cyberharcèlement », « insultes », « menaces de mort » et « diffamation ».
Contactée par le même média, Oumayma a confirmé et révélé qu’elle a reçu des milliers de « massages de haine et des menaces » sur les réseaux sociaux depuis le 1er août.
La campagne contre Imane Khelif rattrapée par la rivalité Algérie – Maroc
Des titres de la presse marocaine en ont profité pour tenter de jeter le discrédit sur la pugiliste algérienne. « Imane Khelif, médaillée d’or et déjà au centre des débats pour des questions d’identité de genre, est maintenant au cœur d’un autre scandale », écrit par exemple le site Hespress.
Ou encore ce titre incompréhensible d’Actu Maroc : « Oumayma Belahbib victime d’une polémique franco-algérienne ». Le journal en ligne marocain écrit que cette affaire a été « exacerbée par les tensions déjà vives entre le Maroc et l’Algérie ».
En attendant que la justice française tranche sur les deux plaintes, que les deux boxeuses, encore une fois, n’ont pas déposé de plainte l’une contre l’autre, le pugilat risque de se poursuivre dans les médias et les réseaux sociaux algériens et marocains.
Avec les inévitables dérapages, comme celui de cette page marocaine sur X, « Atlas Patriote », qui est allée trop loin en qualifiant Imane Khelif de « tabasseur de femmes ».
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