search-form-close
La Russie rejoint la meute : Imane Khelif au centre des enjeux géopolitiques mondiaux

La Russie rejoint la meute : Imane Khelif au centre des enjeux géopolitiques mondiaux

Imane Khelif Source : Facebook
Imane Khelif

Après Donald Trump, Giorgia Meloni et Elon Musk, le tour de Vladimir Poutine ? Le président russe ne s’est pas impliqué en personne dans l’affaire Imane Khelif, mais il l’a fait à travers le représentant de son pays aux Nations-Unies.

Mercredi 6 août, le cas de la boxeuse algérienne a atteint une étape inimaginable en atterrissant au Conseil de sécurité. Malgré elle, Imane Khelif se retrouve au centre de tiraillements mêlant règlements de comptes sportifs, théorie du genre et enjeux géopolitiques. 

Jamais peut-être un athlète algérien n’a autant fait parler dans le monde. Engagée dans la catégorie des -66 Kg aux Jeux olympiques de Paris, Imane Khelif fait l’objet d’une campagne mondiale remettant en cause sa participation parce qu’elle ne serait pas une femme. 

Malgré le soutien franc que lui a apporté le Comité international olympique (CIO) qui a présenté toutes les preuves qu’Imane est née et a toujours été une femme, ses pourfendeurs ne la lâchent pas.  

L’extrême-droite mondiale contre Imane Khelif 

Parmi eux figurent des personnages de l’extrême-droite mondiale notamment la Première ministre italienne Giorgia Meloni, l’ancien président américain et candidat pour un retour à la Maison Blanche Donald Trump, le milliardaire propriétaire de X Elon Musk… 

Les relents racistes de la campagne sont évidents, mais pas que. Ce même courant a saisi au vol l’affaire pour réaffirmer son opposition à la théorie du genre en vogue en Occident.

À tort évidemment car les soupçons de changement de sexe qui ciblent la pugiliste algérienne ne tiennent pas la route. L’Algérie est un état conservateur où ce genre d’opérations n’est pas seulement interdit mais impensable. Du reste, les preuves présentées par le CIO, sur la base de tests stricts, sont inattaquables. 

Les accusations qui ciblent Imane Khelif trouvent leur origine dans son exclusion par l’IBA (association internationale de boxe amateure) des championnats du monde en 2023 alors qu’elle était qualifiée pour la finale.

L’Algérienne était disqualifiée pour un excès de testostérone à l’issue d’un test que le CIO qualifiera plus tard d’« arbitraire ». L’instance olympique a dans la foulée retiré à l’IBA l’organisation du tournoi olympique de boxe qu’elle a décidé de prendre en charge elle-même. 

Affaire Imane Khelif : les enjeux des uns et des autres 

Cette décision n’a pas été prise à cause de l’affaire Imane Khelif qui n’a été finalement qu’une nouvelle étape d’un long bras de fer qui opposait le CIO et l’IBA. Et il semble que le conflit n’avait rien de sportif, mais procède de calculs géopolitiques en relation avec la conjoncture mondiale globale, marquée notamment par la guerre en Ukraine. 

Parmi les retombées sportives du conflit, l’exclusion de la Russie des grandes compétitions internationales, la Ligue des champions et la coupe du monde de football, et maintenant les Jeux olympiques de Paris. 

Brahim Asloum, le boxeur franco-algérien champion olympique à Sydney en 2000, est allé droit au but dans sa défense de la boxeuse algérienne. 

Brahim Asoum prend la défense d’Imane Khelif 

« C’est un scandale (…) C’est une bulle puante qu’on nous a envoyé, parce que les Jeux se passaient bien, parce qu’on faisait la guerre à monsieur Bach (Sébastien, président du CIO, ndlr), pas à la petite en réalité", a-t-il asséné mercredi soir sur France 2. 

"Parce que le monsieur de la IBA s’est fait exclure, parce qu’ils ne font que des choses incorrectes », a ajouté le champion français d’origine algérienne.

Umar Nazarovich Kremlev, le président de l’IBA, est aussi le président de la fédération russe de boxe et est considéré comme un proche du président Vladimir Poutine. 

Quelques heures avant le coup de gueule de Brahim Asloum sur France 2, l’affaire a fait l’objet d’une passe d’armes inhabituelle entre les délégations de l’Algérie et de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU.

D’habitude, les deux délégations se retrouvent dans la même tranchée sur les dossiers posés, mais pas cette fois. Il a suffi d’une allusion du délégué russe à l’affaire Khelif pour déclencher une réponse instantanée et ferme de Toufik Koudri, coordinateur politique de la délégation algérienne à l’ONU. 

« Je réaffirme ici qu’il n’y a pas le moindre doute là-dessus, sauf pour qui porte un agenda politique dont on ignore les visées », a rétorqué le diplomate algérien aux insinuations du Russe. 

Un « agenda politique » dont les contours deviennent en effet de plus en plus visibles. Imane Khelif, elle, ne perd pas de vue l’unique enjeu pour lequel elle est à Paris : arracher ce vendredi la médaille d’or qui lui tend plus que jamais les bras et rendre fier son pays, l’Algérie. 

  • Les derniers articles

close