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La Syrie, théâtre d’une escalade militaire inédite entre Israël et l’Iran

L’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien a coïncidé la transformation de la Syrie en théâtre d’une escalade militaire majeure entre l’Iran, allié du président syrien Bachar Al-Assad, et Israël, pays voisin de la Syrie.

Israël, premier à bombarder

Israël a ouvert les hostilités dès la soirée du mardi 8 mai, juste après l’annonce américaine sur le nucléaire. Un bombardement aérien nocturne a visé un dépôt d’armes des Gardiens de la révolution près de la capitale syrienne Damas. Attribuée à Israël, l’attaque a tué 15 combattants pro-régime étrangers dont 8 Iraniens, selon un bilan fourni par l’OSDH.

Ce jeudi, les iraniens ont riposté avec des tirs de roquette qui ont visé des positions israéliennes dans le Golan occupé par Israël depuis cinquante ans. Les premières lignes militaires israéliennes ont subi un barrage de tirs d’une vingtaine de roquettes de type Fajr ou Grad, sans toutefois faire de victimes. Israël a immédiatement attribué l’attaque à la brigade iranienne al-Qods chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iraniens, qui aurait effectué les tirs depuis la Syrie, près de Kiswa dans les environs de Damas.

« L’agression iranienne est une autre preuve des intentions derrière la mise en place du régime iranien en Syrie et de la menace qu’elle représente pour Israël et la stabilité régionale », a déclaré le Tsahal dans un message publié ce jeudi matin sur le réseau social Twitter. « Tsahal ne permettra pas à la menace iranienne de s’établir en Syrie. Le régime syrien sera tenu responsable de tout ce qui se passe sur son territoire », a ajouté l’armée israélienne.

28 avions de chasse mobilisés

Pour sa part, l’armée israélienne a lancé une opération aérienne de grande ampleur contre des positions iraniennes en Syrie. Des dizaines de cibles militaires iraniennes, sites de renseignement, de logistique, de stockage, postes d’observation et le véhicule d’où étaient parties les roquettes ont ainsi été visées par l’armée de l’air israélienne. 28 avions de chasse auraient été mobilisés et plus 70 missiles auraient été tirés, selon le ministère de la Défense russe qui affirme que la moitié des missiles avaient été détruits par le système de défense antiaérienne syrien.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) cité par le journal Le Monde, au moins 23 personnes sont mortes durant les bombardements israéliens, dont cinq soldats syriens et 18 membres de forces alliées du régime.

L’escalade militaire israélienne et iranienne constitue un passage à l’acte après plusieurs semaines de rhétorique guerrière de la part d’Israël à l’encontre de l’Iran.  Pas plus tard que le dimanche 6 mai, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé être « déterminé à arrêter l’agression de l’Iran tant qu’elle est à ses premiers stades, même si cela implique un conflit ».

« Mieux vaut maintenant que plus tard », avait affirmé Netanyahu. « Nous ne voulons pas d’escalade, mais nous sommes préparés à tout scénario », a-t-il ajouté. L’Iran pour sa part promettait de répliquer « en temps et en lieu » aux récentes frappes qu’Israël avait déjà menées dernièrement en Syrie. Une guerre ouverte reste toutefois « peu probable », affirmait encore récemment le ministre de la Défense israélien, Avigdor Liberman.

L’Occident et la Russie appellent à la désescalade

Malgré cela, l’escalade militaire en cours entre Israël et l’Iran a suscité l’inquiétude de plusieurs pays occidentaux tels que la France et l’Allemagne. Le président de la France Emmanuel Macron a notamment appelé à la « désescalade » entre Israël et l’Iran. « Nous savons qu’il s’agit d’une situation extrêmement compliquée », a pour sa part déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

« L’escalade des dernières heures nous montrent qu’il s’agit vraiment de guerre et de paix. Et je ne peux qu’appeler toutes les parties à faire preuve de retenue », a ajouté Angela Merkel. En parallèle, le ministère des Affaires étrangères allemand a condamné les frappes iraniennes ayant visé le Golan occupé par Israël. « Ces frappes sont une grave provocation que nous condamnons vigoureusement », a indiqué la diplomatie allemande, citée par Le Point, ajoutant qu’« Israël a le droit de se protéger ».

Impliquée directement dans le conflit syrien, la Russie, qui avait été alertée par Israël avant le déclenchement des attaques, a pour sa part déclaré avoir « établi des contacts avec chaque partie » et les avoir appelés « à la retenue », a affirmé ce jeudi le vice-ministre russe des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, cité par Le Monde.

Ironiquement, Israël a aussi affirmé ne pas vouloir d’une escalade militaire avec l’Iran. « Nous ne cherchons pas l’escalade », a déclaré le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole de l’armée isralienne. Ce dernier a toutefois prévenu que toute nouvelle tentative iranienne de s’en prendre à Israël, appellerait une réponse vigoureuse. « Ils ont déjà payé le prix cette nuit, mais l’option est là, qu’ils paient encore plus cher », a affirmé Conricus.

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